Manus AI : une révolution dans le domaine des agents IA autonomes
Les agents IA autonomes
Dans le paysage en rapide évolution de l’intelligence artificielle, un nouvel acteur a émergé, captant l’attention mondiale par ses capacités sans précédent : Manus, présenté comme le premier agent IA général entièrement autonome. Développé par la startup chinoise Monica, Manus, dont le nom dérive du latin signifiant « main », incarne une avancée significative dans la collaboration homme-machine. Contrairement aux chatbots traditionnels ou aux assistants IA qui nécessitent des instructions étape par étape, Manus est conçu pour analyser, planifier et exécuter des tâches complexes de manière indépendante, offrant des résultats concrets avec une intervention humaine minimale. Cet article explore en détail les spécificités techniques de Manus, son fabricant, son origine, ses applications, ses performances, ainsi que les défis et implications éthiques qu’il soulève.
Origine et fabricant
Monica : une startup chinoise innovante
Manus a été développé par Monica, une startup basée en Chine, plus précisément à Shenzhen, un hub technologique mondial. Fondée pour créer des agents IA capables d’opérer de manière autonome, Monica s’appuie sur les avancées des grands modèles de langage (LLM) pour concevoir des solutions innovantes. Monica a d’abord lancé un assistant IA éponyme en 2023, qui a connu un succès notable avec plus de 10 millions d’utilisateurs en 2024. Manus, dévoilé le 6 mars 2025, représente une évolution majeure de cette technologie, passant d’un assistant conversationnel à un agent IA général entièrement autonome. Monica bénéficie du dynamisme de l’écosystème technologique chinois, avec des contributions de la communauté open-source et des collaborations avec des modèles de pointe comme ceux d’Anthropic et d’Alibaba.
Contexte du développement
L’émergence de Manus s’inscrit dans un contexte où la Chine cherche à rivaliser avec les leaders mondiaux de l’IA, notamment les entreprises de la Silicon Valley comme OpenAI et Google. Après le succès de DeepSeek en 2023, souvent qualifié de « moment Spoutnik » pour l’IA chinoise, Manus est perçu par certains comme une nouvelle étape décisive, renforçant la position de la Chine dans la course mondiale à l’IA.
Spécificités techniques de Manus
Architecture multi-agent
Au cœur de Manus se trouve une architecture multi-agent, une approche innovante qui distingue cet agent des modèles traditionnels basés sur un seul LLM. Manus orchestre une équipe de sous-agents spécialisés (par exemple, pour la planification, la récupération de connaissances, la génération de code, etc.), coordonnés par un agent exécuteur central. Cette structure permet à Manus de décomposer des tâches complexes en étapes gérables, en attribuant chaque composante au sous-agent le plus adapté. Par exemple, pour analyser des données boursières, un sous-agent peut collecter des données via une API, un autre écrire du code Python pour l’analyse, et un troisième générer des visualisations.
Modèles de base et intégration d’outils
Manus s’appuie sur des modèles de langage existants, notamment Claude 3.5 Sonnet d’Anthropic et des versions affûtées de Qwen, le modèle open-source d’Alibaba. Des tests sont en cours pour intégrer Claude 3.7, le modèle le plus récent d’Anthropic, afin d’améliorer encore ses capacités de raisonnement. En outre, Manus utilise une approche neuro-symbolique, combinant la créativité des LLM pour interpréter les instructions en langage naturel avec des scripts déterministes pour des opérations fiables, comme l’exécution de code dans un environnement contrôlé.
Manus intègre également une vaste gamme d’outils externes, tels que :
Navigation web autonome : Manus peut ouvrir des onglets, remplir des formulaires et interagir avec des sites web, simulant un utilisateur humain mais avec une vitesse et une précision accrues.
APIs de données : Pour accéder à des sources fiables (météo, finance, etc.), Manus privilégie les APIs officielles plutôt que le scraping web.
Exécution de code : Il peut écrire, exécuter et déboguer du code Python dans un environnement Linux sécurisé (sandbox).
Génération de rapports : Les résultats sont présentés sous forme de tableaux, graphiques ou sites web interactifs, souvent déployés directement avec des liens partageables.
Boucle d’agent et autonomie
Manus fonctionne via une boucle d’agent itérative qui structure son autonomie :
- Analyse : Évalue la demande de l’utilisateur et l’état actuel de la tâche.
- Planification : Sélectionne l’action ou l’outil approprié pour l’étape suivante.
- Exécution : Effectue l’action dans un environnement sandbox.
- Observation : Analyse les résultats et met à jour l’état de la tâche.
- Itération : Répète le cycle jusqu’à l’achèvement, puis livre le résultat final.
Cette boucle, combinée à une interface transparente appelée « l’ordinateur de Manus », permet aux utilisateurs d’observer chaque étape du processus et d’intervenir si nécessaire. Les sessions sont également rejouables, offrant la possibilité de revoir ou de déboguer les workflows, ce qui est idéal pour la collaboration ou la formation.

Manus IA the general AI agent
Environnement Sandbox
Pour des raisons de sécurité, Manus opère dans un environnement sandbox Linux, isolant ses actions pour prévenir tout accès non autorisé ou comportement malveillant. Cela garantit que l’exécution de scripts ou l’interaction avec des sites web reste sécurisée, bien que des vulnérabilités potentielles subsistent si l’environnement est mal configuré.
Capacités et applications
Manus excelle dans une variété de tâches complexes, démontrant une polyvalence qui le distingue des assistants IA traditionnels. Parmi ses applications notables :
Recrutement : Analyse des CV, extraction des compétences pertinentes, croisement avec les tendances du marché du travail, et génération de rapports de classement (par exemple, une feuille Excel).
Analyse financière : Effectue des analyses de corrélation boursière (par exemple, NVIDIA, Marvell, TSMC), accède à des données via des APIs comme Yahoo Finance, écrit du code Python pour l’analyse, et déploie des sites web interactifs pour présenter les résultats.
Recherche immobilière : Recherche des propriétés en fonction de critères multiples (sécurité, écoles, budget), en consultant des données sur les taux de criminalité, les tendances du marché et la météo, pour fournir une liste personnalisée.
Création de contenu : Développe des présentations vidéo éducatives, des itinéraires de voyage personnalisés, ou des cours interactifs à partir de prompts simples.
Automatisation de tâches : Gère des comptes de réseaux sociaux, effectue des audits SEO, ou participe à des compétitions comme celles de Kaggle.
Ces capacités sont renforcées par la capacité de Manus à apprendre de ses expériences passées, en utilisant une mémoire interne pour affiner ses performances et adapter ses résultats aux préférences des utilisateurs (par exemple, privilégier les tableaux pour les rapports si l’utilisateur l’a déjà demandé).
Performance et benchmarks
Manus a été évalué sur le benchmark GAIA, conçu pour tester les capacités des agents IA dans des tâches pratiques du monde réel. Les résultats indiquent une performance de pointe :
Niveau 1 (tâches de base) : 86,5 %, surpassant OpenAI Deep Research (74,3 %) et le précédent record (67,9 %).
Niveau 2 (tâches intermédiaires) : 70,1 %, légèrement devant OpenAI (69,1 %).
Niveau 3 (tâches complexes) : 57,7 %, contre 47,6 % pour OpenAI.
Ces scores positionnent Manus comme l’un des agents IA les plus performants à ce jour, bien que les tâches complexes révèlent encore des limites dans le raisonnement multi-étapes. En dehors des benchmarks, Manus a démontré son efficacité sur des plateformes comme Upwork, Fiverr, et dans des compétitions Kaggle, exécutant des tâches réelles avec un haut degré d’autonomie.
Défis et Limites
Malgré ses prouesses, Manus rencontre plusieurs défis :
Stabilité du Système : Des rapports font état de plantages, de surcharge des serveurs et d’erreurs en boucle, nécessitant parfois une intervention humaine.
Hallucinations : Dans certains cas, Manus a généré des données fictives, comme des publications de médias sociaux inexistantes, compromettant la fiabilité des résultats.
Accès Limité : Actuellement en bêta privée, moins de 1 % des utilisateurs en liste d’attente ont reçu un code d’invitation, créant une forte demande et des reventes de codes à des prix exorbitants.
Dépendance aux Modèles Existants : En s’appuyant sur Claude et Qwen, certains critiquent le manque d’originalité de Manus, le qualifiant de simple intégration intelligente plutôt que d’innovation fondamentale.
Problèmes Éthiques : L’autonomie de Manus soulève des questions sur la responsabilité en cas d’erreurs coûteuses, la confidentialité des données (traitées sur des serveurs cloud), et le risque de mauvaise utilisation, comme des campagnes de désinformation.
Implications et perspectives
Impact sociétal
Manus représente un pas vers l’intelligence artificielle générale (AGI), capable de rivaliser avec les capacités cognitives humaines. Cependant, son autonomie soulève des préoccupations :
Déplacement d’emplois : En remplaçant des tâches humaines dans des domaines comme le recrutement ou le développement logiciel, Manus pourrait entraîner des pertes d’emplois, bien qu’il puisse aussi créer de nouvelles opportunités dans le développement et la supervision de l’IA.
Éthique et régulation : Les régulateurs mondiaux ne sont pas encore équipés pour gérer des agents IA entièrement autonomes, notamment en termes de responsabilité et de prévention des abus.
Sécurité des données : Les données traitées dans le cloud soulèvent des inquiétudes, particulièrement en raison des liens potentiels de Monica avec le gouvernement chinois, bien que cela reste spéculatif.
Perspectives futures
Monica, la société derrière Manus, travaille activement à améliorer son agent IA alors qu’il est actuellement disponible en bêta payante, avec des abonnements à partir de 39 $ par mois pour le plan « Manus Starter » et 199 $ pour le plan « Manus Pro », lancés le 31 mars 2025. Bien que l’accès reste limité à une bêta privée via des codes d’invitation, cette monétisation marque une étape vers une adoption plus large, avec une application mobile iOS déjà disponible et des tests en cours pour intégrer des modèles plus puissants, comme Claude 3.7 d’Anthropic.
Monica prévoit de résoudre les problèmes de stabilité (plantages, surcharge des serveurs) et d’élargir l’accès, potentiellement via une sortie publique complète dans les mois à venir, bien que nessuna date officielle n’ait été annoncée. Une partie de la technologie de Manus pourrait être rendue open-source, permettant à la communauté de développeurs de l’adapter à des cas d’utilisation spécifiques, ce qui pourrait accélérer son adoption.
À long terme, Monica vise à renforcer les capacités multimodales de Manus (par exemple, la compréhension d’images et de vidéos en temps réel) et à en faire un outil incontournable pour les particuliers et les entreprises, tout en naviguant dans les défis éthiques et réglementaires liés à l’autonomie de l’IA.
Conclusion
Manus pourrait marquer un tournant dans la course mondiale à l’IA, mais son adoption généralisée nécessitera des améliorations. Il reste un aperçu prometteur, mais imparfait, de l’avenir de la collaboration homme-machine.
Sources :
MIT Technology Review : « Everyone in AI is talking about Manus. We put it to the test. »
WorkOS : « Introducing Manus: The general AI agent »
Medium (ByteBridge) : « Manus AI: A Comprehensive Overview »
Interesting Engineering : « Manus: China unveils ‘world’s first’ fully autonomous AI agent »
VentureBeat : « What you need to know about Manus, the new AI agentic system from China »
Forbes : « China’s Autonomous Agent, Manus, Changes Everything »