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Expérience américaine : la croisade eugénique

PBS a produit un documentaire et un site Web sur le mouvement eugénique des États-Unis au XXe siècle.

Un hybride dérivé des mots grecs signifiant « bien » et « « , le terme eugénisme a été inventé en 1883 par Sir Francis Galton, cousin britannique de Charles Darwin, pour désigner une nouvelle science par laquelle les êtres humains pourraient prendre en charge leur propre évolution.

The Eugenics Crusade raconte l’histoire du mouvement improbable – et en grande partie inconnu – qui a transformé la théorie scientifique naissante de l’hérédité en un puissant instrument de contrôle social.

Peut-être plus surprenant encore, l’eugénisme américain n’était ni le travail de fanatiques, ni le produit de la science marginale. Le but du mouvement était simple et, aux yeux de ses disciples, louable : éliminer les problèmes sociaux en limitant le nombre de personnes considérées comme génétiquement « inaptes » – un groupe qui s’étendrait à de nombreux groupes d’immigrants, pauvres, juifs, handicapés mentaux et physiques, et le « délinquant moral« .

À son apogée dans les années 1920, le mouvement était à tous les niveaux, présenté comme une quête progressive de «bébés en bonne santé».

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Ses doctrines étaient non seulement populaires et pratiquées, mais aussi codifiées par des lois qui restreignaient sévèrement l’immigration et conduisaient finalement à l’institutionnalisation et à la stérilisation de dizaines de milliers de citoyens américains.

Peuplée de personnages à la fois célèbres et obscurs, The Eugenics Crusade est un portrait souvent révélateur d’une Amérique à la fois étrange et étrangement familière.

American Experience: The Eugenics Crusade DVD

3 Comments »

  1. En Californie, l’un des principaux promoteurs de l’eugénisme dans la Silicon Valley fut William Shockley, un physicien génial sans doute mais assurément pas un humaniste. J’invite chacun à lire sa biographie sur Wikipedia pour se faire une idée du personnage (https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Shockley).

    Extrait: « Après les années 1960, Shockley fut professeur à Stanford et devint également un fervent avocat de l’eugénisme. Ses vues sur les Noirs américains, qu’il jugeait héréditairement avoir un quotient intellectuel moyen inférieur à celui des Blancs, lui valurent en particulier de nombreuses critiques et accusations de racisme scientifique. »

    Un demi-siècle est passé et il semblerait que son racialisme ait inspiré certains ingénieurs de la Silicon Valley. A lire sur Usbek et Rica: « NRx », le mouvement néo-réac monarchiste de la Silicon Valley (https://usbeketrica.com/article/nrx-neo-reactionnaire-monarchiste-silicon-valley):

    Extrait: « La technologie, pour ces futuristes néo-réactionnaires, est vue comme une force exclusivement détenue par les experts afin de refaçonner le monde, politiquement et socialement, souligne Benjamin Noys. Si le saint-simonisme était une philosophie pour les ingénieurs, la néo-réaction est une philosophie pour les programmeurs : elle propose un monde dans lequel l’utilisation de la technologie va servir à réorganiser l’humanité de manière hiérarchique. L’industrie technologique est particulièrement vulnérable et réceptive à cette façon de penser. » David Golumbia, professeur à la Virginia Commonwealth University, va plus loin et fait remonter cette porosité aux origines mêmes de la Silicon Valley et de l’informatique moderne. À des figures comme Frederick Terman, un des pontes de l’université Stanford, qui a initié le développement de l’industrie dans la région, ou encore à William Shockley, co-inventeur du transistor et prix Nobel de physique, qui versera dans l’eugénisme et le racisme scientifique.

    Extrait: Ce faisant, Yarvin rejette toute idée d’égalité et verse dans le racisme, qu’il étaye sous couvert de science. C’est ce que l’on appelait autrefois le « racisme scientifique » et qui, sous la plume de Mencius Moldbug, se mue en un nouveau concept baptisé « Human biodiversity » (HBD), soit l’idée que le quotient intellectuel des individus est le trait le plus déterminant de l’humanité et qu’il est de nature génétique. En découle, selon lui, l’inégalité entre Blancs et Noirs, hommes et femmes, élite technophile et plèbe abrutie. Le droit divin des rois et de l’aristocratie se voit ainsi remplacé par le droit génétique d’une nouvelle élite.

    Les membres de NRx ne sont toutefois pas seulement les héritier des idées de Shockley, ils rêvent d’une Amérique régentée par des mégacorporations dignes d’un roman cyberpunk:

    Extrait: Land ne croit plus en l’existence d’États tels que nous les connaissons, mais bien plutôt à l’essor d’entités plus petites, privées et hautement militarisées, à l’image de ce qu’écrivait Curtis Yarvin. « Les États doivent devenir des entreprises lourdement armées et ultra rentables, qui aboliront le pouvoir de la presse, écraseront les universités, vendront les écoles publiques et transféreront les “populations décivilisées” dans des enclaves sécurisées pour les rééduquer », imaginait ainsi Yarvin.

    Extrait: « Yarvin propose un retour à un modèle de société féodal, très hiérarchique, imprimé de racisme, explique le chercheur britannique Benjamin Noys, spécialiste du sujet. C’est ce que j’appelle “Game of Thrones avec des iPhones”, car il soutient que la technologie peut contribuer à ce changement de paradigme. » Pour l’ingénieur californien, la démocratie détruit la liberté individuelle, et seul le libre marché peut se révéler un système à même de la respecter. L’État doit, selon lui, devenir une entreprise – un « government-corporation » ou « gov-corp » – avec, à sa tête, non plus un président élu, mais un PDG – un « CEO » ou « receiver » – choisi par une élite d’actionnaires. Cette élite, masculine et blanche, est la seule à même de mener à bien le devenir de cet État-entreprise.

    Extrait: Yarvin qualifie sa théorie de « néo-caméralisme », en hommage au caméralisme de Frédéric II de Prusse. Soit l’idée, grosso modo, d’organiser son royaume comme une entreprise.

    Oui, les membres de NRx ont sans doute trop regardé les séries « Incorporated » ou « Continuum ». Encore que leur projet en rappelle un plus ancien. A lire sur Wikipedia: Mouvement technocratique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_technocratique).

    Extrait: Afin d’aboutir à l’un des objectifs majeurs de la société telle que le propose le mouvement technocratique : une « économie de l’abondance », il est nécessaire que l’industrie fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et que les différents rouages de l’industrie fonctionnent en cohérence avec une production constante et maximale, proche du maximum théorique, sans oscillation ni à-coup. Pour aboutir à cet objectif, il est nécessaire – selon cette théorie – de nationaliser l’ensemble de l’industrie, et transformer un ensemble de petites unités industrielles indépendantes en un ensemble de grosses unités industrielles interdépendante65. Dans un « Technat » (État technocratique), l’ensemble de l’appareil productif est structuré en « séquences fonctionnelles ». Ces séquences incluent aussi bien les fonctions industrielles (agriculture, textile, construction..) que les fonctions de service (éducation, santé publique, transports, divertissement, etc.).

    Extrait: La théorie du mouvement technocratique insiste sur la nécessité que la hiérarchie soit fondée sur un ordre naturel en accord avec « la nature biologique de l’animal humain ». Selon cette théorie, il existe un ordre naturel dans toute société animale, où des dirigeants/dominants se distinguent naturellement : une société qui respecte cet ordre naturel sera stable, et une société qui ne la respecte pas sera instable. Si la société technocratique est égalitaire en termes de distribution des richesses, elle ne l’est pas en ce qui concerne les dispositions naturelles des individus.

    Soumise aux contraintes du nazisme, la population du IIIe Reich se dopait à la pervitine et d’autres drogues. Les membres de NRx ont opté pour une forme de dopage plus high tech, la transhumanisation.

    Extrait: Ce faisant, Yarvin rejette toute idée d’égalité et verse dans le racisme, qu’il étaye sous couvert de science. C’est ce que l’on appelait autrefois le « racisme scientifique » et qui, sous la plume de Mencius Moldbug, se mue en un nouveau concept baptisé « Human biodiversity » (HBD), soit l’idée que le quotient intellectuel des individus est le trait le plus déterminant de l’humanité et qu’il est de nature génétique. En découle, selon lui, l’inégalité entre Blancs et Noirs, hommes et femmes, élite technophile et plèbe abrutie. Le droit divin des rois et de l’aristocratie se voit ainsi remplacé par le droit génétique d’une nouvelle élite.

    Extrait: Nick Land croit fermement que la technologie va permettre aux hommes de fusionner avec les machines et de créer une nouvelle élite augmentée qui devra « gouverner » le monde. Il conçoit le terme d’« hyper-racism ». « Ce n’est pas tant l’idée de soutenir et défendre les différences entre les sous-espèces humaines telles qu’elle existent aujourd’hui que d’en promouvoir de nouvelles », confie-t-il de manière laconique, avant de préciser que « le transhumanisme ne sera pas égalitaire ».

    Naturellement, leur transhumanisme est à celui de Nick Bostrom ce que le nazisme est à la social-démocratie… Et pour ceux qui penseraient que j’essaye de dorer le blason des transhumanistes, lisez ma contribution dans « Avez-vous peur du transhumanisme? » (https://iatranshumanisme.com/2016/11/18/avez-vous-peur-du-transhumanisme/). Je suis un geek ouvert d’esprit mais je penche plutôt en faveur projet de société (non transhumaniste) imaginé par Gene Roddenberry. Mais revenons à Nick Land qui n’est pas seulement un militant de NRx mais aussi le théoriciens de l’accélérationisme « de droite » comme indiqué dans l’article.

    Extrait: Nick Land, c’est son nom, publie à son tour un manifeste, The Dark Enlightenment, pied de nez à l’esprit des Lumières (« enlighteners » en anglais). Il s’affiche comme un soutien de Curtis Yarvin et le rejoint dans son rejet farouche de l’égalité, sa croyance dans le pouvoir des entreprises et de la technologie. « C’est une sorte d’accélérationnisme jusqu’à un moment fasciste, précise Benjamin Noys. Je définis l’accélérationnisme comme l’idée de pousser toujours plus loin et plus vite les principes du capitalisme afin d’atteindre un point de rupture qui déboucherait sur le basculement vers un autre système – ici une sorte de capitalisme pur, purifié.

    Nick Land veut donc être le « soleil noir » (pour ne pas dire la svatiska) de l’anarchocapitalisme. A nouveaux libertariens, nouveaux marxistes. L’accélérationisme « de droite » professé par Nick Land a engendré, par contrecoup, un accélérationnisme « de gauche » élaboré les marxistes-léninistes Srnicek Nick et Williams Alex et que j’ai évoqué dans d’autres réponses. A lire sur le site de Multitudes: Manifeste accélérationniste (http://www.multitudes.net/manifeste-accelerationniste/).

    La différence entre l’accélérationnisme « de droite » (capitaliste) et « de gauche » (postcapitaliste) est bien rendu sur Wikipedia (https://en.wikipedia.org/wiki/Accelerationism):

    Accelerationist theory has been divided into mutually contradictory left-wing and right-wing variants. « Left-accelerationism » attempts to press « the process of technological evolution » beyond the constrictive horizon of capitalism, for example by repurposing modern technology for socially beneficial and emancipatory ends; « right-accelerationism » supports the indefinite intensification of capitalism itself, possibly in order to bring about a technological singularity.

    Comprendre, l’accélération voulu par Nick Land est le technochoc qui donnera aux libertariens les moyens d’imposer une anarcapie alors que celle voulue par Srnicek et Williams est le développement d’un tissu économique sous contrôle accélérationniste, entièrement automatisé et respectueux du développement durable.

    Les accélérationnistes de gauche ne sont néanmoins pas plus forcément plus amicaux que les sympathisants de Land… Ils rejettent le développement des IAG (point 2 de leur manifeste) comme l’optimisme transhumaniste (point 7). Vu le niveau de tolérance, on peut supposer qu’il auront la même attitude vis à vis des transhumanistes que celles des bolcheviks vis à vis des soviets de 1918. Enfin, ils sont plutôt hostiles à la démocratie (points 13 et 14).