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L’avenir de l’humanité est de diriger sa propre évolution – Interview avec Amal Graafstra

Amal Graafstra s’est fait implanter deux puces RFID, auteur du livre RFID Toys, et est un intervenant à TEDx. Son intérêt pour le biohacking, la RFID et la NFC ont commencé en 2005 comme une solution simple à un problème. Il voulait un accès facile à son bureau. Il a exploré les options biométriques et s’est finalement aperçu qu’elles étaient trop chères, peu fiables, et vulnérables au vandalisme. Graafstra joue un rôle actif dans le milieu des implants RFID DIY depuis le milieu des années 2000. Son entreprise de biohacking Dangerous Things déclare que « le biohacking est à l’avant-garde d’un nouveau type d’évolution.

Pourquoi avez-vous commencé Dangerous Things ?

En 2005, j’étais vraiment frustré par la situation avec mes clés. J’étais réellement agacé de devoir prendre toutes ces clés avec moi, cela faisait un peu potiche, je voulais que la porte me reconnaisse, je ne voulais pas utiliser de scanner d’iris ou d’empreintes digitales, j’ai jeté un œil à ces technologies, elles semblaient particulièrement robustes pour ce qui est des portes, vous avez un capteur comme celui-là, c’est assez cher, vous le mettez dehors et un enfant le frappe avec un bâton… il ne fonctionne plus.

La technologie RFID semble être la solution logique, mais vous échangez une clé métallique pour une carte en plastique, la promesse de la RFID est que vous avez une carte qui fonctionne avec toutes vos portes, mais en réalité, les fabricants de contrôle d’accès veulent construire dans la propriété de sorte que vous devez acheter chez eux les tags (balises) afin de pouvoir s’en servir pour toutes les portes, et vous finissez avec tout un tas de tags comme un trousseau de clés, ce qui est stupide. Donc, je me suis dit : vous savez quoi ? Je vais fabriquer cela moi-même et me mettre un implant. Comme ça, je n’aurai plus à me soucier de porter une carte. J’ai donc fait quelques recherches et j’ai décidé de ne pas prendre d’implant d’animaux de compagnie pour diverses raisons, j’ai ensuite trouvé le bon type de puce que je voulais, le bon verre et j’ai parlé à certains médecins qui étaient mes clients, je leur ai dit « Hey, que diriez-vous de mettre cela ici ? », et ils semblaient dire « bien sûr, pas de problème. » J’ai donc acheté les tags, et en cinq minutes c’était dedans.

C’est tout simplement ce qui s’est passé, mais en 2008/2009, une révolution de fabricants a frappé, les gens ont commencé à fabriquer leurs propres électroniques et à vraiment s’y intéresser. Les RFID sont devenus le passe-temps favori de l’électronique et beaucoup de personnes étaient intéressées par les implants et c’était trop difficile à gérer sans une structure alors j’ai commencé Dangerous Things. Nous vendons maintenant du matériel sûr et nous nous associons à des perceurs corporels professionnels pour permettre à nos clients de pouvoir se faire poser un implant de façon sécurisé.

Venez-vous d’une formation d’ingénieur ?

Non. J’aime la technologie. Je peux coder et fabriquer du hardware, mais pas très bien. Je connais un peu les affaires, mais pas beaucoup. Je suis un peu touche-à-tout.

Donc, pour cette puce, vous fournissez le matériel et d’autres personnes peuvent fournir le logiciel ?

Vous pouvez construire un mécanisme de verrouillage assez facilement ou vous pouvez en acheter un. Samsung fait une serrure de porte et un tas d’autres entreprises font des serrures de porte, mais si vous voulez entrer dans quelque chose d’un peu plus complexe comme démarrer votre voiture ou quelque chose comme ça, vous devez connaître un peu l’électronique pour modifier la voiture. Quand il s’agit de choses comme les paiements, c’est plutôt une question de partenariat et de personnes que techniques. Vous devez disposer des autorisations appropriées, de la bonne sécurité sur vos périphériques, etc. [note admin : « Ces dispositifs n’ont pas été testés ou certifiés par un organisme de réglementation pour l’implantation ou l’utilisation sur ou dans le corps humain »].

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Qu’en est-il de la mission principale de l’entreprise ?

Nous n’avons pas vraiment développé un énoncé de mission de base, mais cela revient vraiment à l’idée de mettre directement votre corps à niveau directement, soit par des installations matérielles ou de bricoler avec les gènes. Ce genre de chose est vraiment la prochaine forme d’évolution, et nous croyons que l’avenir de l’humanité est de diriger sa propre évolution. L’évolution est deux choses, la mutation aléatoire et la sélection. La mutation aléatoire est mauvaise 99.99% du temps. Un bébé naît avec un défaut puis il meurt. C’est la sélection. Mais nous avons agi sur ce processus sélectif en sauvant chirurgicalement la vie du bébé. Cependant, nous n’avons pas changé le problème du mauvais gène, donc être capable de guider l’évolution d’une manière non aléatoire est vraiment intéressant ici.

Est-ce que ces dispositifs collectent des données ?

Les appareils ne sont pas connectés, le seul moment où ils sont sous tension est quand ils sont dans la gamme du lecteur. Il n’y a donc pas de données collectées. Dans le futur, quand nous aurons une cellule de stockage d’énergie sûre, nous pourrons parler de collecte de données biologiques et d’agrégation de ces données, pour faire plus de choses avec elles. Mais pour l’instant c’est plus comme un échange d’informations. Par exemple, nous avons un tag (une étiquette) avec un capteur thermique dessus, de sorte que vous pouvez obtenir la température, mais il enregistre la température seulement quand vous lui demandez.

Y a-t-il des défis sur le produit ?

Il n’y a pas de pièces mobiles, il n’y a aucune raison de penser qu’elles se briseront. Je l’ai depuis onze ans. Il y a des limites différentes, je suppose. Certains modèles ont une mémoire de dix ans de protection des données. Donc, si vous n’écrivez rien, l’appareil conservera les données pendant 10 ans, mais si vous réécrivez quelque chose, cela sera réinitialisé à ce moment-là. Il y a aussi un compteur de 100 000 cycles sur les blocs mémoires eux-mêmes afin que vous puissiez écrire dans cette mémoire 100 000 fois. Donc, même si vous écrivez une fois par jour, chaque jour, cela vous donnera environ 27.9 ans.

Selon vous, quels sont nos plus grands problèmes numériques ?

Nous avons un problème en ce moment. Nos identités numériques deviennent de plus en plus précieuses, beaucoup plus précieuses que nos identités biologiques. Vous ne pouvez pas aller à la banque et accéder à votre compte sans un système d’identification pour vous identifier. Votre corps n’est pas suffisant. Donc, être en mesure de lier les identités en ligne et hors ligne est un gros problème qui deviendra plus grand étant donné que nous comptons de plus en plus sur les communications en ligne. C’est l’un des principaux axes de développement de ces dispositifs.

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Voyez-vous cette technologie comme une force destructrice aussi bien que constructive ?

Les gens sont des êtres étranges, il y aura donc le chaos dans toute sorte d’initiative. Mon espoir est de pouvoir prouver sans équivoque que votre identité dans les interactions numériques et en ligne va seulement être bénéfique. Si vous regardez dans le passé à travers l’histoire, vous constatez que tout type de changement effraie et fait peur aux gens. Donc, il y a toujours une période d’acceptation, c’était tout aussi vrai pour les pacemakers.

Les premiers pacemakers ont été condamnés comme l’œuvre du diable. Et lentement, les gens ont commencé à les accepter, par la compréhension de ce qu’ils font et pourquoi ils sont importants. C’est plus facile pour les technologies médicales d’obtenir l’acceptation parce qu’elles aident d’une manière qui semble être critique et urgente. Je pense qu’une fois que nous aurons une cellule de source d’énergie sûre, alors nous pourrons commencer à faire toutes sortes de dispositifs assez fous. Les gens ont voulu des appareils bioélectriques pour surveiller le mouvement musculaire, par exemple pour activer une prothèse, mais obtenir une bonne lecture sensorielle depuis l’extérieur de la peau est très difficile. Cependant, avoir un dispositif implanté capable d’écouter le mouvement musculaire est très intéressant. Ce n’est qu’un exemple. Il y aura des dispositifs médicaux et non médicaux, par exemple, un dispositif qui permet d’effectuer des contrôles gestuels. C’est ce genre de capacité que nous allons voir grâce aux dispositifs de biohacking (biologie participative).

Quels genres de changements voyez-vous pour le biohacking dans le futur ?

Encore une fois, une fois que nous aurons une cellule de puissance active, nous serons capables d’avoir des dispositifs qui sont alimentés dans le corps, puis la collecte de données devient possible et contribuant à un grand flux de données va être l’une de ces possibilités. Les technologies portables sont intéressantes, mais un wearable est un fardeau à gérer. Ils sont incohérents dans la collecte de données parce que les gens ne les portent pas tout le temps. Donc, être en mesure d’établir une routine de connexion de données par un dispositif d’implant toujours à l’écoute et toujours en train d’enregistrer a des possibilités plus intéressantes pour le big data.

Traduction Thomas Jousse

Dataconomy

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VivoKey (anciennement UKI) est une plate-forme NFC implantable pour les applications d’identité, de sécurité, de cryptographie et de paiement. Lire l’article sur DailyMail : Rencontrez Amal, le cyborg qui a implanté des puces sous sa peau pour acquérir des capacités super-humaines.

1 Comment »

  1. Faut-il avoir peur des puces RFID ? Que dit le droit ?

    Nathalie Nevejans est maître de conférence et chercheuse en droit, spécialisée en robotique et technologies émergentes. Dans un article intitulé « L’usine connectée. L’Usine à l’ère du numérique sous le prisme du droit » (issu de l’ouvrage Les objets connectés, à paraître en 2017 aux éditions Mare & Martin), elle rappelle que « les droits fondamentaux de la personne s’opposent à une telle implantation ».

    Elle cite d’abord le principe de la dignité de la personne : « Le salarié serait alors ravalé au rang de simple chose, et serait l’équivalent biologique d’un badge. […] En revanche, il en irait autrement si la personne souhaitait installer un implant sous sa peau pour ses propres besoins, comme l’ouverture d’une porte pour une personne en fauteuil roulant. » De même qu’un employeur exigeant de ses employés d’avoir une puce sous la peau « porterait atteinte aux droits au respect du corps humain, son intégrité et son inviolabilité ». En France, ce sont les lois bioéthiques du 29 juillet 1994 qui protègent le corps humain. »

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