L’affective computing
L’une des prochaines étapes de l’évolution des environnements intelligents passera par l’avènement de ce qu’on appelle désormais l’affective computing. On pense que l’ordinateur va apprendre à ressentir les émotions des personnes avec lesquelles il est en contact. Par exemple, il sera capable de détecter si quelqu’un entre dans une pièce avec un comportement gestuel agité ou, au contraire, s’il semble plutôt détendu. Selon les cas, il lui proposera d’écouter de la musique ou de jouer avec son ordinateur. On va vivre une communication différente entre l’homme et les machines et ce bouleversement est pour demain. Ce n’est pas de la science-fiction.
Des centaines de laboratoires dans le monde travaillent sur ces projets. Ils tentent de faire fusionner le cerveau et les machines. Cela ne va pas sans poser des problèmes éthiques importants. L’homme va sans doute trop vite mais le fait de nous décharger des automatismes peut contribuer à revaloriser ce qui constitue notre humanité. (Joël DE ROSNAY, 2020 : Les Scénarios du futur, Des Idées & des Hommes, 2007 p. 238).
Emanation du Media Lab du Massachusetts Institute of Technology, Affectiva a développé un logiciel capable d’analyser en direct les infimes nuances de nos expressions faciales et de déduire nos émotions à la lecture d’une vidéo en ligne via la webcam.
Publicitaires et fournisseurs de services sont les premiers intéressés par cette détection qui permet d’ajuster ou de renforcer l’intensité des contenus proposés. Mais ses applications intéressent également la police, les assureurs, les employeurs… Affectiva dit avoir mesuré sept milliards de réactions émotionnelles à partir de 2,4 millions de vidéos de visages dans quatre-vingts pays. De quoi entraîner ses algorithmes lancés à la recherche de motifs permettant de prédire et d’influencer les comportements et affects à grande échelle.
Sa concurrente, la firme californienne Emotient, propose elle de classer les photos en fonction des émotions. Le site promotionnel de RealEyes.it, qui se présente comme le « Google des émotions », prétend déceler les réactions « inconscientes » des utilisateurs. Son argument de vente est on ne peut plus clair : « Plus les gens ressentent, plus ils dépensent », faisant fi des questions éthiques comme : peut-on révéler les émotions des gens sans leur accord, et surtout qu’en est-il des erreurs d’interprétation ? L’une des préoccupations récurrentes exprimées durant le festival est cette foi excessive dans le pouvoir des algorithmes, dans leur efficacité et dans la totale transparence de la société des métadonnées. « Il y a cette idée que les big data donnent un accès direct à la réalité, qu’ils sont totalement objectifs, équitables, que la nature va parler par elle-même, sans transcription, sans médiation, institutionnelle ou politique », avance la juriste Antoinette Rouvroy. (en savoir plus sur Le Monde).