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La guerre psychologique chinoise de nouvelle génération

Les applications militaires des technologies émergentes et leurs implications pour les Etats-Unis

La Chine considère la guerre psychologique, centrée sur la manipulation de l’information pour influencer la prise de décision et le comportement de l’adversaire, comme l’un des éléments clés de la guerre moderne.

L’attention accrue portée par l’armée américaine à la Chine et les préparatifs en vue d’un éventuel conflit entre les États-Unis et la Chine signifient qu’il est important de comprendre comment les capacités chinoises de guerre psychologique peuvent évoluer et ce qu’elles signifieraient pour le comportement stratégique de la Chine en cas de crise ou de conflit.

Dans un nouveau rapport de la RAND Corporation, l’auteur explore la réflexion militaire chinoise sur la guerre psychologique de nouvelle génération. La Chine s’intéresse à la fois à l’informatique de pointe, comme le big data, et à la science du cerveau pour leurs applications militaires potentielles afin d’améliorer les futures capacités de guerre psychologique.

L’auteur donne une vue d’ensemble de la pensée chinoise en matière de guerre psychologique, des capacités clés et des concepts opérationnels connexes que l’armée chinoise recherche, et présente une étude de cas hypothétique pour illustrer la manière dont ces capacités, si elles sont réalisées, peuvent être appliquées à une future contingence entre les États-Unis et la Chine.

L’un des scénarios les plus risqués serait que l’armée chinoise et l’ensemble des dirigeants pensent que ces technologies émergentes permettent à Pékin de prédire ou d’influencer la prise de décision de ses adversaires. Cela pourrait conduire Pékin à avoir une confiance mal placée dans sa capacité à dissuader ses adversaires de se battre ou à les contraindre de ne pas se battre du tout.

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Principales conclusions

La réflexion des militaires chinois sur la guerre psychologique est beaucoup plus diversifiée qu’on ne le pensait jusqu’à présent

Bien que certains domaines fassent l’objet d’un consensus général (les objectifs de la guerre psychologique), les divers concepts opérationnels font clairement l’objet de débats.

La communauté de la guerre psychologique de l’Armée populaire de libération a discuté d’une série de technologies qu’elle envisage d’utiliser pour ses futures opérations

Il s’agit notamment de l’informatique de pointe, en particulier le traitement des données et de l’information, de la science du cerveau, en particulier l’imagerie cérébrale, et de propositions anciennes qui restent intéressantes, notamment les armes soniques, les armes laser, les messages subliminaux et les hologrammes.

Il existe des preuves solides que l’armée chinoise a déjà développé et utilisé des capacités de manipulation de l’information et des armes laser, bien qu’il ne soit pas certain que ces capacités aient été spécifiquement destinées à la guerre psychologique.

Trois scénarios possibles illustrent les tendances potentielles et les perspectives à long terme de la guerre psychologique chinoise

  • La première est l’adoption de la manipulation de l’information en tant qu’instrument de pointe du pouvoir national.
  • La seconde est une nouvelle orientation audacieuse de la guerre, centrée sur l’adoption par l’armée chinoise des technologies émergentes pour prédire ou influencer la prise de décision de l’adversaire.
  • La troisième est un manque d’imagination, qui entraîne le maintien du statu quo en ce qui concerne les capacités militaires chinoises.
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L’impact réel des capacités de guerre psychologique de la prochaine génération pourrait être encore moins important que l’hypothèse de Pékin sur le fait qu’elles fonctionneront comme prévu, ou même, une fois qu’elles seront utilisées, l’impression qu’elles fonctionnent comme prévu

Il y a donc un risque que, lorsque la Chine se rendra compte que ses efforts de guerre psychologique n’ont pas l’effet escompté, par exemple que l’adversaire adopte une ligne de conduite différente, Pékin réagisse de manière imprévisible.

Guerre cognitive

Le cartel militaire de l’OTAN dirigé par les États-Unis a testé également de nouveaux modes de guerre hybride contre ses adversaires autoproclamés, notamment la guerre économique, la cyberguerre, la guerre de l’information et la guerre psychologique.

Aujourd’hui, l’OTAN met au point un tout nouveau type de combat qu’elle a baptisé guerre cognitive. Décrite comme une militarisation des sciences du cerveau, cette nouvelle méthode consiste à pirater l’individu en exploitant les vulnérabilités du cerveau humain afin de mettre en œuvre une ingénierie sociale plus sophistiquée. La guerre cognitive est la forme de manipulation la plus avancée à ce jour.

Les forces spéciales américaines pourraient utiliser la technologie deepfake pour des opérations psychologiques (psy-ops), selon un rapport.

1 Comment »

  1. La guerre cognitive, c’est en fait toutes les actions qui visent à amener un ennemi potentiel à tirer les conclusions que l’on souhaite de certaines situations. Ces idées entraînent ensuite des réactions préjudiciables à l’ennemi : hésitation, peur, révolte, etc… Deux articles sur le sujet :

    -Le ministère des Armées va soutenir au moins quatre projets relatifs à la « guerre cognitive »
    Extrait : Dans les grandes lignes, la « guerre cognitive » consiste à manipuler l’opinion publique d’un pays en vue d’obtenir un effet tactique, voire stratégique quand il est question de mener une opération de déstabilisation sur le long terme.
    Source : Zone militaire
    (https://www.opex360.com/2022/10/30/le-ministere-des-armees-va-soutenir-au-moins-quatre-projets-relatifs-a-la-guerre-cognitive/#:~:text=Dans%20les%20grandes%20lignes%2C%20la,d%C3%A9stabilisation%20sur%20le%20long%20terme)

    -L’attaque des cerveaux : qu’est-ce que la guerre cognitive ?
    Extrait : En ce sens, la guerre cognitive constitue le glissement logique de la guerre d’information vers une volonté de destruction des modes de pensée des individus de manière durable et à grande échelle.
    Source : Revue d’histoire militaire
    (https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2022/11/03/lattaque-des-cerveaux-quest-ce-que-la-guerre-cognitive/)

    Les élites chinoises connaissent l’art de la guerre de Sun Tzu sur le bout des doigts : c’est la base de leur stratégie de lutte au plan militaire, économique et politique. Ayant constaté l’hécatombe provoquée par les guerres civiles passées, Sun Tzu (ou le collectif caché derrière ce nom d’emprunt) a fait l’apologie des victoires remportés sans violence sur les victoires, plus glorieuses certes, remportées par les armes. En application de ce précepte, le théoricien chinois a préconisé d’attaquer en premier lieu les plans de l’ennemi, puis ses alliances, ensuite ses armées et enfin ses villes. Il faut comprendre qu’il faut d’abord tenter d’éliminer ce qui pousse l’ennemi à vous combattre, ensuite les alliances qui lui permettent de vous attaquer sans subir d’attaque dans le dos et de déployer des effectifs suffisants contre vous.

    Le Parti communiste chinois a très bien compris que les civilisations dominantes d’aujourd’hui ne sont plus celles qui séduisent par un modèle d’avant-garde, comme les USA en 1946, mais plutôt celles qui ont les meilleurs réseaux d’influence. Les Chinois ont su gagner les cœurs et les âmes de nombreux dirigeants en faisant l’impasse sur le respect des principes des Nations unies, en mettant beaucoup d’argent dans les bonnes mains, en fournissant des spécialistes et technologies incessibles à leurs alliés. Suite à l’aggravation de la guerre froide sino-américaine, la République populaire de chine va évidemment attaquer les USA dans leurs plans et leurs alliances par la propagande, la guerre psychologique ou des actions de guerre informationnelle visant les dirigeants américains ou alliés de l’Amérique. Logiquement, toute technologie à disposition de la Chine sera mise à contribution pour soutenir ses actions : De nos jours, les influenceurs ne placardent plus de tracts, ils postent des vidéo sur les réseaux sociaux. Les pays occidentaux commencent en fait tout juste à prendre en compte un volet de la guerre qui a depuis longtemps été assimilé en Chine.

    Dans le cadre des tensions mondiales, l’Occident souffre d’une stratégie génétique de gestion des crises. Les USA peinent à se défaire du culte de la « politique de la canonnière ». Celle-ci valorise médiatiquement leurs moyens militaires mais n’en est pas moins devenue contre-productive. Les pays européens ont le goût des conférences diplomatiques induite par une certaine culture onusienne … sans prendre en compte qu’on ne peut négocier qu’avec des gens qui ont intérêt à engager des pourparlers et trouver des compromis. En dépit de la faible opposition internationale à l’invasion russe de l’Ukraine, les dirigeants européens n’ont pas encore compris que le multilatéralisme n’était pas une alternative à la force et la corruption. Surtout avec une ONU qui n’est qu’un « Congrès de Vienne » mondial plutôt qu’un soutien pour la poignées de démocraties de la planète.

    Outre ses travers, les pays occidentaux perçoivent encore la haute technologie comme la base de la puissance et une solution au problème; ce n’est qu’un moyen et il ne sert à rien de la fétichiser. Les capacités de guerre psychologique des pays de l’OTAN ont commencé à s’accroître à partir de la commercialisation d’une panoplie militaire high tech dédiée à cet usage. Il en va de même pour la guerre cognitive qui n’a commencé à intéresser les pays de l’OTAN qu’à partir du moment où les USA ont commencé à s’intéresser aux capacités informatiques dédiées. Et là, ils découvrent avec une certaine appréhension qu’ils sont peut-être victime de ce genre de procédés depuis longtemps et qu’ils ne sont que des enfants dans ce domaine… Les Occidentaux ont une vision trop « technocentriste » du monde.

    Comme certains transhumanistes l’ont compris, ce qui est faible ne sera que faiblement augmenté par la technologique. Il faut évoluer en parallèle de l’évolution technologique pour tirer le meilleur parti des nouvelles technologies. C’est la raison pour laquelle le « sophotranshumanisme » de Julian Huxley et le « technotranshumanisme » de Max Moore sont complémentaires. La plupart des factions de transhumanistes sont les promoteurs de certains modes d’organisation politique, systèmes économiques, stratégies avant d’être les promoteurs de l’augmentation des capacités humaines comme principal moteur du développement individuel ou collectif.

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