Un scientifique russe travaille à la création de nouveaux bébés CRISPR
Le biologiste russe Denis Rebrikov, de l’université de médecine Pirogov à Moscou, a déclaré au New Scientist qu’il prévoyait de hacker via CRISPR les gènes d’embryons humains, afin de prévenir la surdité congénitale.
« Nous prévoyons toujours de corriger la mutation héréditaire de la perte auditive dans [le gène] GJB2, afin qu’un bébé entendant naisse d’un couple sourd », a déclaré Rebrikov.
Mais certains scientifiques restent convaincus que c’est une très mauvaise idée. Après que le chercheur chinois He Jiankui ait créé les premiers bébés CRISPR au monde, une équipe internationale de médecins a créé une Commission internationale sur l’utilisation clinique de l’édition du génome de la lignée germinale humaine.
La commission a publié un rapport concluant que l’édition de gènes humains est encore peu sûre, surtout lorsque l’objectif est de mener un embryon à terme. Et si un médecin doit absolument faire cela, ils suggèrent que ce ne devrait être que pour sauver des vies.
Même après avoir lu le rapport, Rebrikov a déclaré à New Scientist qu’il poursuivait son projet. Il n’est pas certain qu’il ait obtenu l’approbation nécessaire des organismes de régulation russes. Mais, comme c’est le cas dans de nombreux pays du monde, la Russie n’interdit pas totalement cette pratique, de sorte qu’il pourrait être en mesure de faire passer ses expériences en douce.
De toute évidence, le Gouvernement russe n’est pas hostile au projet de l’Université Pirogov.
En cas d’échec, il pourra arguer que l’expérience visant un objectif humanitaire (prévenir la surdité d’un bébé) et n’était pas plus odieuse que les projets de thérapie génique du Téléton. En cas de réussite, la Russie démontrera aux pays de l’OCS qu’elle est aussi avancée en matière de génie génétique que son coopétiteur chinois.
Une réussite lui donnerait aussi une meilleure image technologique que les pays européens, de plus en plus raillés de part le monde comme des spécialistes de la production de normes éthiques … sur l’emploi des innovations technologiques des autres.