Manuel pour en finir avec la mort – Éditions Envolume
Résumé
Il était une fois deux psychanalystes qui voulaient parler de la mort autrement. Ils sont partis à la rencontre de ceux qui la côtoient tous les jours, qui l’ont rencontrée au détour d’un événement traumatique, qui ont traversé des deuils, qui ont survécu à une maladie ou à un accident. La mort se vit de manière toujours singulière. Elle mène au cimetière comme à la création, à la souffrance invivable comme à la renaissance. Et il y a ceux qui ont approché la mort jusqu’à peut-être entrevoir ce qui se situe après… Joseph Agostini et Agnès Rouby leur ont donné la parole. Pour en finir avec la mort, c’est aussi et surtout un livre sur la vie… toujours recommencée.
Extrait
99,99% des espèces qui ont vécu sur Terre depuis la naissance de la vie, voici trois milliards et demi d’années, ont définitivement disparu de la surface planétaire ! Alors… Il est facile de dire que nous allons mourir nous aussi ! Le « Nous » crée ce qu’il faut de distance avec ce verbe hautement inflammable. Nous allons mourir, c’est comme ça. C’est la nature humaine. That’s life ! Les livres de biologie n’en finissent pas de nous le promettre. Quant aux livres d’Histoire, ils sont gorgés de guerres, de catastrophes et de famines, nous rappelant toujours un peu plus notre petitesse dans l’univers.
Dire « Je vais mourir », en revanche, est une autre paire de manches. Pour le Moi, la mort est une fable. Il ne l’imagine que chez les autres. La sienne est littéralement impensable. Pour autant, il reste fasciné par sa mortalité. Elle le scotche. Il n’a pas demandé à naître, pourquoi devrait-il mourir ?! Il doit y avoir erreur. Des spiritualistes partent d’un présupposé différent, selon lequel nous aurions demandé à naître. Le Moi agirait comme une victime qui refuserait de s’attribuer cette part de responsabilité. Nous serions avant tout des êtres énergétiques, en contact avec des vibrations terrestres. Nous naîtrions pour nous élever, pour faire grandir notre âme au fil de nos expériences humaines. Le temps historique, « à l’occidental », cacherait en réalité un temps cosmologique, cyclique, fait d’éternels retours, de métempsycose ou de réincarnation. Alors, qui croire ? Et d’ailleurs, ne s’agit-il que de croyances ?
En librairie le 18 octobre 2018.
Joseph Agostini est psychologue clinicien, diplômé d’état de l’Université Paris 7 Denis Diderot. Formé au psychodrame à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière et à la psychotraumatologie au service de réanimation de l’Hôpital Necker. Il a exercé en hôpital de jour et en foyer spécialisé. Il a son cabinet privé à Clamart. Joseph Agostini est auteur de théâtre. Ses pièces, On peut se pendre avec sa langue, Barbarie Land, Ajoutez comme ennemi, Le dernier secret, Œdipe à la folie et Le petit garçon qui posait trop de questions, ont été jouées à Paris et en Avignon. Il est également l’auteur du premier essai psychanalytique sur une chanteuse populaire, Dalida sur le divan, Envolume (2017).
Agnès Rouby est psychopraticienne. Psychanalyste, formée à l’institut freudien de psychanalyse, et thérapeute holistique, elle a créé l’association Eveil, consciences et soins proposant ateliers et rencontres, ouverts à tous les cheminements spirituels guidés par la conscience de soi et la bienveillance.
Interview de Joseph Agostini
Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de racolage ?
Je dis juste qu’on peut être drôle et pointu, pertinent et populaire. Pourquoi choisir ? Les concepts psychanalytiques ne nous amènent pas à une complexité intellectuelle, mais au contraire, à une approche du réel le plus simple, le plus radical. Je les compare souvent à des épures, à des poèmes japonais. En ce qui me concerne, j’ai voulu donner des clés d’accès à un univers souvent vu comme hermétique à tort. Les psychanalystes sont des clowns ! Des clowns du langage ! Ils s’amusent avec, le tordent dans tous les sens pour extraire son essence, sa magie. Lacan et Freud nous l’ont dit bien avant moi.
On peut donc être sérieux sans se prendre au sérieux ?
Pourquoi avoir une morgue, une arrogance quand on parle de choses graves ? Mes inspirateurs dans ce métier sont d’une humilité extrême. Les plus habiles cliniciens savent qu’ils ne savent pas. En cela, ils donnent beaucoup d’eux-mêmes à leurs patients, viennent les convoquer dans leur véritable subjectivité. Les donneurs de leçons, qui s’érigent en maîtres et ne pratiquent ni plus ni moins que du clientélisme intellectuel, discréditent le métier et le rabaissent à une querelle d’égos. Un comble pour des psychanalystes, quand on sait que nous travaillons précisément avec la dimension imaginaire des ambitions du Moi !
Comment voyez-vous la psychanalyse dans dix ou quinze ans ?
Nous devons nous remettre en question, savoir transmettre, vulgariser notre savoir. Les thérapies comportementales et cognitives prennent le pas sur la psychanalyse, car elles décomplexifient le monde dont elles parlent. La psychanalyse peut aussi avoir cette vocation tout en gardant sa profondeur, sa substance. L’écriture est une question de charme, elle doit venir séduire pour ensuite véhiculer sa puissance, ses enjeux véritables. Si l’ennui règne, rien n’est possible.
La presse en parle
France 3, le 24 septembre à 20H00, interview de 25 minutes au cours de l’émission « Votre rendez-vous »
C’est bien qu’on parle du « Moi ». Cette instance de la personnalité oubliée dans le discours transhumaniste.
On parle souvent d’Intelligence, de Mémoire, de Conscience, mais jamais du « Moi ».
Si on tenait compte du « Moi », toutes les conceptions sur le transfert de conscience et sur le clonage, seraient différentes.
Et même celle des auteurs de science-fiction en évoquant la téléportation.