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L’intelligence artificielle va tuer l’argent

L’intelligence artificielle est longtemps restée un sujet de science-fiction. Elle est désormais une simple question de calendrier : l’explosion des capacités informatiques (la puissance des serveurs informatiques a été multipliée par un  milliard en trente et un ans) rend probable l’émergence d’une IA supérieure à l’intelligence humaine dans les prochaines décennies. GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) ainsi qu’IBM y investissent massivement, mais Google est le plus avancé. Selon Ray Kurzweil, penseur reconnu du transhumanisme, l’ingénieur en chef de Google, une IA dotée d’une conscience et un  milliard de fois plus puissante que la réunion de tous les cerveaux humains devrait écraser l’intelligence humaine dès 2045.  » Nous ferons des machines qui raisonnent, pensent, et font les choses mieux que nous le pouvons « , surenchérit Sergei Brin, le cofondateur de Google.

Devenir cyborg

Cette perspective inquiète. Elon Musk, le fondateur de Tesla et de SpaceX explique que  » les intelligences artificielles sont potentiellement plus dangereuses que les armes nucléaires « . Pour être à la hauteur des automates, Google, tout comme les transhumanistes, propose de nous hybrider avec l’IA : devenir cyborg pour ne pas être dépassé par l’IA ! Ray Kurzweil, le pape du transhumanisme, a déclaré que nous utiliserons des nanorobots intracérébraux branchés sur nos neurones pour nous  » augmenter  » dès 2035. Il s’agira d’éviter d’être (trop) inférieur aux machines, au risque de devenir leurs esclaves dans un scénario à la Matrix. Les technologies d’augmentation seront le seul moyen d’espérer conserver une certaine autonomie. Paradoxalement, l’ultime outil de l’humanité pour éviter sa vassalisation serait ainsi l’instrument de son suicide : fusionner avec l’IA reviendra bien à éliminer l’Homme 1.0 biologique et de nous faire entrer dans l’ère du transhumanisme.

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Mais l’IA pourrait aussi entraîner la disparition de l’argent. Dans nos sociétés méritocratiques, ce sont principalement les différences de capacités intellectuelles qui légitiment (à tort ou à raison) les écarts de revenu et de capital. Or, cette clé se trouvera brisée par l’IA. L’intelligence humaine sera à terme ridicule face aux capacités des machines : acceptera-t-on des écarts de revenu de 1 à 1  000 dans ce nouveau monde ? Si nous acceptons les prothèses intracérébrales proposées par les dirigeants de Google, quelle serait la légitimité d’écarts de revenu entre les hommes puisque nos performances seront liées à la puissance de nos prothèses cérébrales et non à nos qualités intrinsèques ?

En outre, la société de l’IA sera une société sans travail, ce qui privera la monnaie de sa fonction. Quand un milliard de chercheurs en cancérologie pourront, par exemple, être émulés sur des batteries de disques durs en quelques instants, quelle sera la valeur d’un cancérologue humain ? Tous les biens et services pourront être inventés et produits par la machine de façon infiniment plus performante que par n’importe quel homme, fut-il augmenté. Le système méritocratique partira en fumée : comment organiser la répartition des capitaux si le mérite est impossible ? La meilleure solution sera sans doute la distribution égale des biens et services à chaque individu. Un communisme 2.0 où chacun recevra selon ses besoins et non selon son travail. C’est l’IA, et non Thomas Piketty, qui supprimera les inégalités de revenus. Le capitalisme ne survivra pas aux machines intelligentes.

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