Interface cerveau-à-cerveau — le prochain grand saut dans la communication humaine
Marc Zuckerberg a déclaré que l’avenir de l’internet et par conséquent de l’humanité, se trouve dans la technologie qui nous donne des pouvoirs télépathiques. Selon lui, nous serions capables d’enregistrer nos propres expériences en temps réel et de partager des pensées et des sentiments directement avec des amis et des proches. Il l’a appelé « l’avenir de la communication ». Alors comment sommes-nous proches de l’interface cerveau-à-cerveau ?
Des recherches antérieures dans l’exploitation des ondes cérébrales sonnent comme un roman de science-fiction. Envisager un singe qui pourrait contrôler un ordinateur avec ses pensées et un humain contrôlant par télépathie les mouvements de l’autre. D’autres expériences ont utilisé des « ordinateurs organiques » avec le cerveau de plusieurs chimpanzés ou des rats tous reliés ensemble.
Les neuroscientifiques de l’Université de Washington, ont récemment annoncé la télépathie électronique assistée. Dans cette expérience, deux collègues séparés d’un mile ont utilisé uniquement l’internet relayant leurs ondes cérébrales. Ils ont joué à un jeu de 20 questions. Ceci a été rendu possible par le travail de Miguel Nicolelis, un chercheurs brésiliens à l’Université Duke. A la fin des années 90, il a commencé à expérimenter la puissance électrique du cerveau, en vérifiant minutieusement chaque neurone individuel. Lui et ses collègues ont rapidement découvert quel neurone fait quoi. Par exemple, 48 neurones spécifiques se déclenchent simultanément pour permettre à un rat de se déplacer. Quand ils se sont tournés aux singes, Nicolelis et son équipe ont pu identifier les 100 neurones se déclenchant à l’unisson. Ce qu’ils ont fait ensuite a été stupéfiant.
Ils ont connecté une sonde au cerveau d’un singe et il déplaçait un point autour d’un écran avec un joystick. Quand il obtenait le point au centre, il recevait une récompense. En observant ce mouvement, les neuroscientifiques pouvaient reconnaître des modèles de cerveau. Après que le joystick a été enlevé, le singe a été relié à un autre appareil, et il pouvait déplacer le point avec ses pensées, juste en l’imaginant dans sa tête. Ce fut la première expérience du genre, la première fois qu’un primate déplace quelque chose avec ses seules pensées.
La découverte a inspiré les neuroscientifiques pour commencer ce qui est connu aujourd’hui sous le nom d’interface cerveau-à-cerveau. Jusqu’à présent, les résultats chez l’homme ont été limités. C’est aussi dû principalement aux règles éthiques qui interdisent le raccordement des sondes dans le cerveau des êtres humains. Pourtant, Chantel Prat et Andrea Stocco de l’Université de Washington ont relevé le défi. Tout d’abord, ils ont voulu voir s’ils pouvaient envoyer un signal d’un cerveau qui lancerait une réaction (réponse) physique dans un autre.
Ils ont recruté deux chercheurs qui ont été placés dans des pièces différentes sur le campus. Chacun était muni d’un capuchon d’électroencéphalographie (EEG) qui mesure les ondes cérébrales. Un collègue dans une pièce a commencé à jouer un jeu vidéo avec son esprit. Pour pouvoir tirer une balle dans le jeu, il l’imagine simplement appuyant sur le bouton de tir. Un autre chercheur a reçu un casque antibruit. Sa tête était munie d’une bobine de TMS, la stimulation magnétique transcrânienne. Cet appareil émet des signaux électriques ciblés. Il a été placé sur la partie du cerveau qui contrôle son doigt. Lorsque le premier chercheur a tiré avec son cerveau, le doigt du second appuyait sur la gâchette. Un seul homme contrôlait l’autre.
Un problème avec le modèle de la télépathie selon Prat, est que la personne qui reçoit les signaux télépathiques ne peut pas dire si cela provient de leur propre cerveau ou celui de l’autre. « Quelle que soit la forme qu’elle prenne (future communication cerveau-à-cerveau) cela va être très différent d’écouter les pensées de quelqu’un dans votre tête, » dit-il. Pourtant, cette recherche porte déjà ses fruits.
Le travail de Nicolelis a conduit à des interfaces cerveau-machine. Aujourd’hui, les paralysés sont capables de marcher à l’aide de signaux du cerveau envoyés aux prothèses robotique et peuvent même retrouver leur sens du toucher. Pendant ce temps, Prat pense qu’il peut y avoir des applications pour l’apprentissage. Vous pourriez dire quand quelqu’un se concentrait en classe par exemple, tandis que l’autre rêvassait, à l’aide de modèles d’EEG de pointe. Vous pouvez également brancher le cerveau d’un étudiant de TDAH (trouble du déficit d’attention avec ou sans hyperactivité) à celle d’une personne qui ne l’a pas, pour voir si vous pouvez de cette façon soulager les symptômes de la maladie. Ceci est théorique, bien sûr. Une autre possibilité est de raccorder les cerveaux humains à ceux des animaux et être capable d’éprouver des sensations non pas par rapport à notre espèce, mais comme le sens olfactif du chien, ou le sonar d’un dauphin.
Bien que Prat ne croie pas que le téléchargement et diffusion de pensées soit possible, d’autres ne sont pas si sûrs. Une étude de Harvard avait une personne en Inde portant une configuration EEG/TMS liée à une autre personne par le biais de l’internet en France. Le participant en Inde a pensé les mots « ciao » et « hola » qui ont été envoyées par courriel et repris par l’autre. Ces signaux ont été perçus comme des flashs de lumière qui pourraient être déchiffrés en mots. Ajoutant à cela, les chercheurs de l’Université de Washington ont décidé de jouer à un jeu de 20 questions.
Ici, deux personnes ont été reliées (connectées) via un ordinateur. L’un portait un capuchon d’EEG et l’autre une bobine TMS. Le porteur du TMS a montré une photo d’un animal sur l’écran de l’ordinateur, disons un requin. Puis, on demanderait une question comme, « peut-il voler ? » Le porteur de l’EEG penserait le mot « oui » ou « non ». Ces pensées se sont rendues vers l’autre (personne) via internet. Le porteur TMS verrait un phosphène ou un éclair de lumière dans leurs yeux si la réponse est oui, signalant qu’ils étaient sur la bonne voie. Cette équipe a marqué un taux d’exactitude de 72 %, par rapport à une précision de 18 % du groupe témoin. La communication cerveau-à-cerveau peut être possible. Mais des flashs de lumière sont loin d’envoyer la parole ou des images à la tête de quelqu’un d’autre.
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