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Le soldat augmenté – Regards croisés sur l’augmentation des performances du soldat

Depuis l’aube de l’humanité, l’homme cherche à s’affranchir des limites de sa condition humaine et à dépasser ses limites biologiques. Depuis la philosophie des Lumières, la société professe sa foi dans le progrès, avec en toile de fond la volonté d’arracher l’homme à toute forme d’hétéronomie, qu’il s’agisse par exemple de la religion ou de la nature, et passer d’un monde subi à un monde voulu dans lequel le refus de toute dépendance s’exprime par l’apologie de l’autonomie. Elle trouve pour cela dans la technologie une réponse aux barrières physiologiques qui contraignent l’homme, afin de l’adapter au mieux à son environnement ou à ses conditions de travail, voire pour qu’il vive mieux tout simplement.

Le soldat, de son côté, se bat pour la nation et risque sa vie pour une cause et un intérêt qui lui sont supérieurs. Les armées l’entraînent pour qu’il soit au meilleur de sa condition physique et opérationnelle. Ce qui passe avant tout par l’entraînement. Mais si les armées suivent une logique d’efficacité, elles ont aussi l’obligation morale d’assurer sa protection et de le préparer au mieux pour leur mission, ce qui peut passer par une augmentation des performances du soldat en vue de faire face aux ennemis qu’il affronte.

Cet ouvrage regroupe les actes du colloque « Le soldat augmenté, regards croisés sur l’augmentation des performances du soldat » du 15 janvier 2019. Il entend analyser les ressorts de cette (r)évolution sociétale en puissance qui pourrait être celle d’une société de personnes qui choisiraient elles-mêmes de s’augmenter et, par extension, de militaires eux-mêmes acteurs de leur augmentation. Il cherche à identifier et à mesurer les conséquences sociologiques pouvant impacter durablement les armées mais aussi les enjeux en découlant pour l’éthique militaire.

par les Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, Fondation pour l’innovation politique

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2 Comments »

  1. Ce PDF est très intéressant. Il témoigne d’une connaissance du transhumanisme et de ses problématique qui est infiniment plus crédible que celle de l’UNESCO et du Groupe MGEN qui sont actuellement d’effectuer une consultation publique sur la philosophie transhumaniste et les nouvelles technologies. Le PDF se termine notamment par la mise en évidence de l’avantage comparatif des Etats autoritaires sur les particraties plurales en matière d’intégration d’hypothétiques soldats augmentés.

    Si une particratie plurale a plus de facilité qu’un régime autoritaire pour assurer l’unité de commandement, c’est le régime autoritaire qui a le plus de facilité pour intégrer les soldats augmentés: il leur impose, par la force, les contraintes découlant de la sûreté d’Etat et de la prévention des mutineries mais il peut également compenser ces désagréments par un statut « nobiliaire » qui ne survivrait pas aux réactions électorales dans une particratie. En gros, dans un régime autoritaire, le soldat augmenté serait un « technoclibanaire » ou un « technochevalier » sous surveillance.

    Naturellement, cette facilité du régime autoritaire n’en efface pas les défauts. . Aussi, à la façon des anciens philosophes idéalistes grecs, certains proposeront sans doutes d’instaurer un régime hybride Suffisamment de démocratie pour ne pas régresser. Suffisamment d’autoritarisme pour affronter efficacement les périls et défis de notre temps. Autrement dit, une anocratie ouverte (open anocracy) selon la terminologie des journaux anglo-saxons. L’anocratie est un type de régime hybride qui combine spécifiquement l’une ou l’autre de forme de démocratie à un régime autoritaire ; les régimes hybrides antiques ne comportaient pas forcément de volets démocratique.

    L’anocratie est dite fermée quand il s’agit d’un régime autoritaire institutionnel incorporant volontairement des éléments de démocratie à l’attention des citoyens méritants (communes modèles chinoises) ou pour régler plus facilement certains problèmes plus facilement. L’anocratie est dite ouverte quand il s’agit d’une particratie ou d’une démocratie plus authentique qui règle toute crise politique ou certaines questions publiques par des méthodes autoritaires. Dans les deux cas, ce sont des solutions pour les politiciens mais pas pour les masses populaires qui sont de moins en moins utiles aux politiciens, au fil des progrès technologiques. Et les politiciens eux-mêmes devraient s’inquiéter de leur propre utilité pour les soldats augmentés qu’ils voudraient « tenir en laisse » dans l’intérêt de la sûreté de l’Etat.

    En définitive, le fond du problème est l’incapacité des citoyens à lutter contre des soldats augmentés. Les citoyens devraient donc user de l’influence qui leur reste encore pour imposer les évolutions de l’Etat :
    1° Le renforcement de la démocratie en s’inspirant de la République de Genève, de la Californie, de la démocratie liquide.
    2° Le développement d’un corps de troupe non augmentée équipé et formée pour la lutte contre les troupes augmentées.
    3° Le droit, pour les citoyens, d’effectuer un service volontaire au sein des troupes précitées.
    4° Le droit, pour les citoyens, de s’organiser en milices d’auto-défense sous la surveillance de l’Etat.

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