Made in Labo – De la procréation artificielle au transhumanisme
Quand un philosophe pénètre par effraction dans les laboratoires des apprentis sorciers, il en ramène des vérités sur l’humanité qu’on nous fabrique pour demain. Des vérités terrifiantes à dire, mais nécessaires à entendre. Un cri d’alarme contre tous les Frankensteins de la vie, du désir et de l’amour.
Nous vivons une profonde crise anthropologique. En 1968, la grande question était : « Comment faire l’amour sans faire d’enfants ? » Elle s’est retournée depuis 1978, année de naissance du premier bébé-éprouvette, en : « Comment faire des enfants sans faire l’amour ? » – révolution inouïe au regard de l’histoire de l’humanité.
La fabrication de ce bébé, conçu hors du corps humain, a peut-être ouvert la boîte de Pandore. Devenu accessible, notre génome est aussi devenu manipulable, modifiable, en attendant que les adeptes du transhumanisme le réécrivent pour produire un homme nouveau, un « posthumain » libéré des tares de notre condition, limitée et mortelle. Preuve est ainsi faite que l’engendrement, qui assure la transmission par la filiation, fait obstacle à la création. Celle de l’individu par lui-même, comme celle de la « posthumanité » rêvée.
C’est cette effroyable dérive de notre civilisation que Dominique Folscheid analyse, alliant comme personne connaissance scientifique et réflexion philosophique. Un essai percutant, pour combattre dès aujourd’hui les cauchemars de demain.
Nous allons faire grandir des bébés dans des utérus artificiels
Professeur de philosophie émérite à l’université Paris-Est, codirecteur du Département d’éthique biomédicale du Collège des Bernardins, Dominique Folscheid a fondé en 1995 un enseignement de philosophie à destination des personnels de santé, devenu « l’École éthique de la Salpêtrière ». Il a notamment publié Sexe mécanique. La crise de la sexualité contemporaine (2002) ; L’Esprit de l’athéisme et son destin (2003) et contribué à Le Transhumanisme, c’est quoi ? (2018).
Déjà, merci de faire la distinction entre transhumanisme et posthumanisme et d’éviter de mettre tous les transhumanistes dans le même panier. Les transhumanistes technoprogressistes veulent mettre à la disposition de tous, riches ou pauvres, des technologies d’augmentations. Ils n’ont pas l’ambition de créer une posthumain: un humain doué d’une plus grande intelligence, force, santé n’est pas un posthumain.
Les transhumanistes n’ont pas inventé et légalisé la transgénèse, la procréation médicalement assistée, l’ectogénèse ou la gestation pour autrui. Ceux qui les pratiquent ou y recourrent ne sont majoritairement pas des transhumanistes. La critique du vilain transhumaniste qui cherche à créer un posthumain dans son garage est un sauf-conduit pour critiquer la PMA et la GPA sans se fonder sur des arguments religieux qui ne provoqueraient qu’hilarité et dégout. Sur ce point, force est de constater que ce livre est truffé de références bibliques.
Critiquer les contempteurs des transhumanistes sont trop souvent guidés par les mêmes motivations que les déclinologues: ils surfent sur une mode littéraire. On mettre à leur décharge que certaines figures du transhumanisme font la même chose. Que l’on soit pour ou contre la transgénèse humaine, il est possible d’engager un débat sans s’acharner contre les transhumanistes. Ensuite, on tranche par référendum.