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La silicolonisation du monde : l’irrésistible expansion du libéralisme numérique

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Ecrivain et philosophe, Eric Sadin explique comment, grâce aux technologies numériques, à une certaine partie de la classe politique et par l’algorithmisation de la société, la mise en place d’un technolibéralisme prétend instaurer une marchandisation intégrale du vivant provoquant le dessaisissement du pouvoir de décision de l’individu.

Berceau des technologies numériques (Google, Apple, Facebook, Uber, Netflix, etc.), la Silicon Valley incarne l’insolente réussite industrielle de notre époque. Cette terre des chercheurs d’or, devenue après-guerre le coeur du développement de l’appareil militaire et de l’informatique, est aujourd’hui le lieu d’une frénésie innovatrice qui entend redéfinir de part en part nos existences à des fins privées, tout en déclarant oeuvrer au bien de l’humanité. Mais la Silicon Valley ne renvoie plus seulement à un territoire, c’est aussi et avant tout un esprit, en passe de coloniser le monde. Une colonisation d’un nouveau genre, portée par de nombreux missionnaires (industriels, universités, think tanks…), et par une classe politique qui encourage l’édification de valleys sur les cinq continents, sous la forme d’écosystèmes numériques et d’incubateurs de start-up. Au-delà d’un modèle économique, c’est un modèle civilisationnel qui s’instaure, fondé sur l’organisation algorithmique de la société, entraînant le dessaisissement de notre pouvoir de décision. C’est pour cela qu’il est urgent d’opposer à ce mouvement prétendument inexorable d’autres modalités d’existence, pleinement soucieuses du respect de l’intégrité et de la dignité humaines.

1 Comment »

  1. « Ils ont des yeux et ne voient rien » nous répétait souvent de façon amusée mon prof d’ aikido (5eme dan – 62 ans) , ingénieur à l’Alsthom de Belfort.