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Biologie et devenir technologique de l’homme : de la biologie synthétique à l’homme synthétique

Pascal Nouvel : Centre d’éthique contemporaine, département de philosophie, université Paul-Valéry, Montpellier, France – Centre de recherche Saint-Charles, laboratoire Epsylon, Montpellier, France

Résumé : L’article engage une investigation historique sur l’origine de l’expression « biologie synthétique » dans le but d’en dé gager les principales composantes philosophiques. Les résultats de cette analyse sont ensuite utilisés pour étendre l’examen au terme d’« homme synthétique ». On montre ainsi que les deux notions comportent l’affirmation d’une conviction philosophique commune qui peut se résumer de la façon suivante : « la biologie est de la technologie ». L’analyse de cette affirmation permet de distinguer nettement deux notions qui sont généralement confondues dans la littérature transhumaniste : celle d’homme synthétique et celle d’homme nouveau. Les conséquences de cette distinction cruciale sont discutées.

Introduction

Depuis quelques années, on parle de « biologie synthétique » et parfois aussi d’« homme synthétique ». Que désignent ces termes ? Et la notion de « synthétique », qui intervient dans les deux expressions, a-t-elle la même valeur dans les deux cas ? Si oui, qu’est-ce qu’une pareille notion laisse présager de cet homme dit « synthétique » ? Ce sont les questions que nous poserons dans le texte qui suit. Ce faisant, nous montrerons que les notions de « biologie synthétique » et d’« homme synthétique » reposent sur une conviction philosophique commune. C’est cette conviction qu’il s’agira ensuite d’analyser. Indiquons tout de suite le point ou` nous conduira cette analyse. A suivre les pronostics de certains commentateurs, la technologie contemporaine est sur le point d’entraîner une recomposition du concept même d’être humain : recomposition exaltante pour les uns, qui parlent de l’apparition d’un « homme nouveau » ; inquiétante pour les autres, qui parlent, quant à eux, plus volontiers, de la « disparition de l’homme » et de l’humanisme. Nous montrerons que, dans ces débats, le concept d’« homme synthétique » est, le plus souvent, abusivement confondu avec le concept d’« homme nouveau ». Cette confusion entraîne une orientation erronée des débats sur les progrès techniques à venir : l’homme synthétique, à parler rigoureusement, n’est ni un homme nouveau ni un surhomme, contrairement à ce que laisse entendre toute une partie de la littérature transhumaniste. Mais avant d’y venir, suivons l’histoire d’une expression, d’une locution : celle de « biologie synthétique ». C’est elle qui nous fera mieux comprendre le sens que possède l’expression « homme synthétique ».

Pour lire la suite, télécharger le PDF disponible sur le profil de Pascal Nouvel sur Academia.edu ou ici.

« L’homme synthétique est en fait déjà là comme le montrent les nombreuses connexions que nous entretenons déjà avec des machines de toute sorte. L’homme nouveau, lui, n’est que le rêve illuminé de quelques penseurs trop pressés pour être attentifs aux objections des philosophes ».

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