Le cyborg spirituel : Vers un posthumanisme transpersonnel
Erik Davis – The Spiritual Cyborg: Transpersonal Posthumanism, 1999
Traduit de l’anglais par Alexandre Girardeau
Comme s’il reflétait les grandes contradictions et l’ambiguïté même de la condition qu’il décrit, le posthumain s’offre à nous sans définition précise, sans ligne de démarcation. Dire cela est devenu tellement récurrent lors des discussions sur le posthumain et son cousin le posthumanisme que je parie qu’en commençant de la sorte je déclenche déjà chez le lecteur un léger élan de déception, si ce n’est de fatigue. Pourtant, cette prédiction a le mérite d’indiquer à quel point le posthumain n’est pas seulement un terme contesté mais bien une contestation en lui-même –un agôn en essence, au cas où nous serions disposés à parler d’essences. Les débats sur le posthumain commencent souvent par de longues discussions sur les agendas et les positions parfois contradictoires que tiennent ceux qui s’intéressent à la question. Ainsi, les théoriciens critiques s’opposent aux éthiciens médicaux, les pro-cyborgs aux petits-bourgeois conservateurs, les philosophes aux critiques de science-fiction et même les ‘bons’ posthumanistes aux ‘mauvais’.
Cette contestation fondamentale est à la fois séduisante et frustrante. D’un côté, l’attractivité du terme posthumain –avec son air de paradigme à la mode, d’ampleur globale et cyberpunk cool– rend compte qu’à travers les vingt dernières années, une large variété d’acteurs –certains à peine capable d’employer les bons termes pour s’exprimer ou d’autres complètements ignorants– ont tenté de lui coller une étiquette et de définir l’espace métamorphosique qui l’entoure. D’un autre, les craquelures qui parcourent sa figure rendent son discours et sa terminologie non seulement nébuleuse, tendencieuse et contradictoire, mais aussi défaite d’utilité, si ce n’est de sens. Le posthumain est-il définitivement antihumaniste ou bien, au contraire, amplifie-t-il les idéaux humanistes? Quelle est la relation entre posthumain et posthumanisme? À l’image du postmoderne, le posthumain est-il un terme essentiellement caractéristique d’un art en mutation, un mot à la mode, une image de marque, une tendance? Les modifications qui perturbent l’Homo Sapiens aujourd’hui sont-elles suffisamment drastiques ou apocalyptiques pour justifier ce préfixe de titane, avec son air science-fictionnesque, estrange et fantastique? Et que fait-on des transhumanistes et de leur vision –préfixe– rivale? …
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Erik Davis is a scholar, journalist, and public speaker best known for his cultural analysis and creative explorations of esoteric mysticism. Davis has written about music, art, film, pop culture, and technology for Spin, Details, Rolling Stone, and Wired magazines. He is the author of Led Zeppelin IV (2005), The Visionary State: A Journey Through California’s Spiritual Landscape (2006), and Nomad Codes: Adventures in Modern Esoterica (2010), and co-edited The Exegesis of Philip K. Dick (2011). Davis has appeared in a number of documentaries about technology and countercultural topics, including DMT: The Spirit Molecule, Electronic Awakening, and The Source. Along with Maja D’Aoust, he hosts a weekly podcast devoted to the « cultures of consciousness » called Expanding Mind, which is part of the Progressive Radio Network.
- PhD candidate, Rice University, Department of Religion
- Master of Arts, Rice University, Department of Religion, 2014; certificate in the GEM (Gnosticism, Esotericism, and Mysticism) program, the largest university concentration of its kind
- Bachelor of Arts, English, Yale University, 1988; Magna cum laude