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The Human Brain Project : le fantasme de l’immortalité digitale

Financé par l’Union Européenne et installé à Genève, The Human Brain Project est un superordinateur capable de reproduire le comportement humain et les réactions physiologiques du cerveau afin, notamment, de mieux comprendre les mécanismes des maladies neurodégénératives.

Mais, bien au-delà de l’aspect médical, le projet devrait permettre la création de l’un des cerveaux digitaux les plus perfectionnés au monde, et pourrait permettre de prolonger la vie en transférant le contenu d’un cerveau humain dans cette entité digitale.

Un an seulement après son lancement officiel, le Human Brain Project (HBP) compte déjà des succès remarquables. Désigné en 2014 comme l’un des deux « flagships » (projets phares) de l’Union Européenne pour la décennie à venir, ce programme de recherche, installé à Genève et dirigé par l’École Fédérale Polytechnique de Lausanne, rassemble plus d’une centaine de partenaires et chercheurs issus de 24 pays à travers le monde, dont les États-Unis, la Chine, l’Allemagne ou encore Israël.

D’une approche réductionniste à une approche globale

Jusqu’à présent, l’étude du cerveau consistait à observer le fonctionnement et les réactions de chaque sous-partie de la structure. Cette méthode a, bien entendu, permis de réaliser d’immenses avancées, mais la recherche a également prouvé que la complexité du cerveau et les relations au sein de l’architecture cérébrale empêchaient désormais de progresser dans la connaissance des mécanismes du cerveau humain. Il était donc nécessaire de passer rapidement à une approche beaucoup plus globale pour, notamment, espérer progresser dans les recherches en neurosciences et le traitement de maladies neurodégénératives, comme Alzheimer ou Parkinson.

L’objectif ultime du HBP est donc de synthétiser toutes les données acquises sur le cerveau afin de construire une sorte de « simulateur » virtuel des mécanismes et fonctionnements cérébraux. A terme, le projet sera à disposition des chercheurs du monde entier, afin que ceux-là puissent tester leurs hypothèses et mettre au point de nouvelles thérapies.

90% des objectifs atteints

En 2014, le HBP avait fixé treize objectifs, ou sous-projets, à atteindre. Les résultats sont extrêmement positifs, puisque 90% des objectifs ont été remplis. Les différents groupes de travail ont ainsi pu créer en 3D, et pour la première fois, une modélisation du cerveau d’un rat de laboratoire. Ils ont également réalisé un atlas du cerveau en 3D, dont la résolution est cinquante fois supérieure à toutes les cartes réalisées jusqu’à présent.

Cependant, le projet « cerveau humain » ne se limite pas à la recherche en neurosciences. Et c’est bien cette partie de ce programme scientifique hors norme qui suscite le plus de critiques dans le monde scientifique. En 2014 déjà, des tests ont été effectués sur des puces neuromorphiques, inspirées des modélisations du HBP et capables de rivaliser avec les ordinateurs les plus performants… Une pétition a même été lancée dans le monde, et signée par plus de 300 neurobiologistes, à l’initiative d’une centaine de chercheurs de renom pour tenter de mettre fin au HBP.

De la peur au fantasme…

Pour ses détracteurs, le HBP constitue un danger puisqu’il n’a pas pour vocation unique de développer les neurosciences expérimentales. Tous les secteurs de la recherche, de l’informatique à la médecine en passant par le neuromarketing, pourront donc venir tester leurs théories sur le cerveau et son fonctionnement. Il existe donc un risque certain, pour ces opposants, de dérives. Certains évoquent, d’ores et déjà, les possibilités de manipuler les populations tandis que d’autres imaginent pouvoir, sous peu, transférer l’intégralité du contenu d’un cerveau humain dans un superordinateur, réalisant enfin ce fantasme de la science-fiction : l’immortalité virtuelle…

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2 Comments »

  1. Les neurosciences cognitives de nouveau au coeur du projet
    synthèse de presse bioéthique Gènétique 20/03/2015

    La direction du projet scientifique européen Human Brain Project (HBP) a adopté mercredi les recommandations portées par le médiateur Wolfang Marquard. Ce dernier avait été nommé en septembre 2014 (cf. synthèse Gènéthique du 18 septembre 2014) afin de mettre en place la réforme du projet voulue par plus de 260 scientifiques qui appelaient à « réexaminer avec attention à la fois la dimension scientifique et la gestion » de l’HBP (cf. synthèse Gènéthique du 09 juillet 2014).

    Selon ces spécialistes, le projet de modélisation informatique du cerveau, promu par l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) et soutenu par l’Union européenne (UE), en se consacrant trop étroitement à la « simulation cérébrale » se décentrait de son objectif principal : accroître les connaissances scientifiques sur le cerveau humain. Le vote de mercredi a replacé les neurosciences cognitives au cœur du projet.

    La gestion a aussi été modifiée. Le comité directeur a crée un groupe responsable de la gouvernance du HBP. Il sera composé d’anciens et d’actuels responsables d’organisations scientifiques internationales. Des entités séparées consacrées à la gouvernance, à l’évaluation, aux enjeux scientifiques et aux questions budgétaires seront mises en place.

    « Nous avons établi avec certitude que nous avons maintenant toutes les informations nécessaires pour préparer le projet en vue de son démarrage opérationnel en avril 2016 » a déclaré Philippe Gillet, directeur du comité de l’EPFL.

    Rappelons qu’HBP est le projet phare de l’Union européenne, en concurrence avec des Etats Unis, dans la « conquête du cerveau ».

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