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Les SIC à l’heure du transhumanisme

Nicolas Oliveri
Enseignant-chercheur, IDRAC Business School, campus de Sophia-Antipolis (06), Chercheur associé au Laboratoire I3M, Université de Nice Sophia-Antipolis, Sciences de l’information et de la communication

Puisque le transhumanisme croît de manière aussi rapide qu’abrupte, de même que les technologies de pointe sur lesquelles il s’appuie – biomécatronique en tête – la question du développement de ce courant de pensée semble plus que jamais au centre de préoccupations sociétales majeures (Besnier, 2009 ; Kleinpeter, 2013). Effectivement, deux enjeux émergent simultanément : d’une part, la dimension économique du projet d’une posthumanité en devenir. A priori, les biotechnologies ne sauront combler les disparités économiques entre les futurs bénéficiaires de telles avancées. Ainsi, les populations privilégiées financièrement, auront sans doute la primauté de l’accès aux technologies transhumanistes. Pour la majorité des autres – bien plus nombreux sur la planète – et dont les ressources financières ne permettront pas d’acquérir de tels dispositifs d’amélioration, le risque de n’être ‘qu’un humain’, marquera en toute rigueur logique, l’avènement d’une distinction malvenue entre humains et posthumains. L’humanité scindée en deux ?

Une autre controverse en gestation, se situera autour des critères de sélection des individus ayant recours aux progrès visant à « augmenter » certains au détriment d’autres. Dès lors, l’homme « non augmenté » pourrait-t-il être perçu comme un « homme diminué », à la productivité réduite ? (Stiegler, 2015) Comment anticiper et contourner le problème majeur de la malveillance technologique ? Comment les gouvernements, à terme, parviendront-ils entre autres, à contenir une probable « criminalité augmentée » ? Les conséquences, ici en forme de second enjeu, seront donc essentiellement sociétales. Il s’agira donc pour les transhumanistes (Kurzweil, 2007) d’offrir à l’humanité, au-delà des fantastiques prouesses technologiques promises à transformer l’être humain, un véritable cadre à la fois politique, social, économique, législatif, éthique, etc., qui saura faire la synthèse des attentes de chacun… à l’échelle mondiale.

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Si le pouvoir de pénétration des technologies demeure actuellement si marqué – trop diront certains (Morozov, 2014) – alors l’appareil de régulation et les discours d’accompagnement devront être à la hauteur de la vitesse d’apparition des technologies œuvrant pour le transhumanisme. C’est encore à l’humain et à la communication, espérons-le, qu’appartiendront le droit de définir ce que le posthumain sera ou non. Une urgence se profile alors ; celle de permettre aux sciences de l’information et de la communication de se saisir de cet enjeu sociétal émergent et par nature, complexe. Sans une méthodologie de recherche adaptée, sans des concepts stabilisés pour le penser et sans rigueur épistémologique pour le discuter scientifiquement, le projet transhumaniste pourrait alors alimenter un déterminisme technologique particulièrement puissant (Oliveri, 2014), et dont les SIC devront pourtant se saisir afin de proposer une analyse interdisciplinaire et féconde des transformations visibles et en devenir.

Nicolas Oliveri, « Les SIC à l’heure du transhumanisme », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 10 | 2017, mis en ligne le 01 janvier 2017, consulté le 11 avril 2017. URL : http://rfsic.revues.org/2658 ; DOI : 10.4000/rfsic.2658

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