Les puces neuromorphiques pourraient être l’avenir de l’informatique
Les nouveaux dispositifs d’Intel montrent la vie au-delà des failles de sécurité et des limites de la loi de Moore. Sonder le cerveau : les puces neuromorphiques d’Intel, qui imitent les neurones et les synapses, peuvent reconnaître des objets sur des images capturées par une webcam en utilisant un millième de la puissance des puces traditionnelles. Sauts quantiques : La société a également construit une puce quantique de 49 qubits, ce qui la place au même niveau qu’IBM. De tels dispositifs sont maintenant assez grands pour commencer à faire un travail utile. Ce que cela signifie : MIT Technology Review explique comment les puces pourraient façonner l’avenir de l’informatique.
L’appareil, appelé Loihi, qu’Intel met à l’épreuve au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, est une puce neuromorphique – qui imite, de manière simplifiée, le fonctionnement des neurones et des synapses dans le cerveau.
Les meilleurs algorithmes d’intelligence artificielle utilisent déjà des programmes semblables à des cerveaux, appelés réseaux de neurones simulés, qui s’appuient sur un traitement parallèle pour reconnaître des modèles dans les données – y compris les objets dans les images et les mots dans la parole. Les puces neuromorphiques poussent cette idée plus loin en gravant le fonctionnement des réseaux neuronaux dans le silicium. Ils sont moins flexibles et puissants que les meilleurs puces d’usage général, mais étant spécialisés dans leur tâche, ils sont très économes en énergie et donc idéaux pour les appareils mobiles, les véhicules et les équipements industriels.
Des synapses artificielles sont capables d’apprendre de manière autonome
L’idée des puces neuromorphes existe depuis des décennies, mais la technologie pourrait enfin être prête à trouver son créneau commercial. Dans l’industrie de la technologie, les progrès de l’intelligence artificielle ont inspiré de nouvelles recherches sur le matériel capable d’utiliser plus efficacement les algorithmes de machine learning (apprentissage automatique).
Chris Eliasmith, un professeur qui étudie les neurosciences et les architectures informatiques à l’Université de Waterloo au Canada, dit que le plus grand défi avec les puces neuromorphiques dans le passé a été leur mise à l’échelle.
La puce fait partie de la tentative d’Intel de se réinventer. La société ne peut plus compter sur des processeurs de plus en plus rapides, car la loi de Moore se heurte aux lois de la physique. Pendant ce temps, la publicité pour le nouveau dispositif offre un peu de répit suite aux retombées causées par une faille de sécurité récemment révélé affectant des centaines de millions de puces Intel.
La société a également annoncé au CES qu’elle avait construit une nouvelle puce d’informatique quantique relativement grande, un appareil qui exploite les règles étranges et merveilleuses de la physique quantique pour faire certains types de calculs avec une rapidité incroyable. Cette puce, appelée Tangle Lake, contient 49 bits quantiques, ou «qubits».
Intel n’a pas encore révélé d’autres détails, y compris la fiabilité de la puce quantique. Les nouvelles mettent l’entreprise sur un pied d’égalité avec IBM, qui a récemment dévoilé une puce de 50 qubits. Cependant, alors que les appareils approchent d’une étape où ils sont capables d’effectuer un travail utile, on ne sait pas encore comment ils pourraient être utilisés au-delà de quelques niches telles que les codes de craquage et les matériaux de modélisation.
Les puces neuromorphiques ne sont pas des ordinateurs quantiques : elles tiennent dans un smartphone. Si les puces neuromorphiques devaient permettre une percée dans le domaine de la reconnaissance d’objet, elles pourraient provoquer des percées dans les domaines de la robotique (horeca notamment), de la reconnaissance faciale voire même de la réalité augmentée.
A lire sur le journal du CNRS : Demain, un ordinateur inspiré de notre cerveau?
(https://lejournal.cnrs.fr/puce-neuromorphique)
A lire sur Industrie & Technologies, une puce neuromorphique photonique
(https://www.industrie-techno.com/article/une-puce-neuromorphique-photonique.46701)
Accessoirement, elles semblent permettre de grandes économies d’électricité, ce serait un atout précieux pour la conciliation des NTIC et des impératifs de développement durable. A ce propos, les industriels tentent également de développer des puces biologiques composées de matériaux biosourcés. On voit les possibles connections avec les avancées de la robotique molle.
A lire sur le site d’Anthropotechnie: Vers une informatique moléculaire ?
(http://www.anthropotechnie.com/vers-une-informatique-moleculaire/
Plus particulièrement, pour les singularistes, la combinaison des calculateurs quantiques et de puces neuromorpiques devraient permettre la création d’IA germe plus performantes. Pour rappel, une IA germe est une IA faible (un système expert) dotée d’algorithme d’auto-apprentissage et ayant pour objectif d’évoluer en IAG. C’est bien sûr un moyen empirique pour créer des IAG dont l’efficacité n’a jamais été démontré. Pour plus d’info sur les IA germe et les périls de leur programmation, lire par exemple « Superintelligence » de Nick Bostrom.