La déclaration Transhumaniste

  1. L’avenir de l’humanité va être radicalement transformé par la technologie. Nous envisageons la possibilité que l’être humain puisse subir des modifications, tel que son rajeunissement, l’accroissement de son intelligence par des moyens biologiques ou artificiels, la capacité de moduler son propre état psychologique, l’abolition de la souffrance et l’exploration de l’univers.
  2. On devrait mener des recherches méthodiques pour comprendre ces futurs changements ainsi que leurs conséquences à long terme.
  3. Les transhumanistes croient que, en étant généralement ouverts à l’égard des nouvelles technologies, et en les adoptant nous favoriserions leur utilisation à bon escient au lieu d’essayer de les interdire.
  4. Les transhumanistes prônent le droit moral de ceux qui le désirent, de se servir de la technologie pour accroître leurs capacités physiques, mentales ou reproductives et d’être davantage maîtres de leur propre vie. Nous souhaitons nous épanouir en transcendant nos limites biologiques actuelles.
  5. Pour planifier l’avenir, il est impératif de tenir compte de l’éventualité de ces progrès spectaculaires en matière de technologie. Il serait catastrophique que ces avantages potentiels ne se matérialisent pas à cause de la technophobie ou de prohibitions inutiles.   Par ailleurs il serait tout aussi tragique que la vie intelligente disparaisse à la suite d’une catastrophe ou d’une guerre faisant appel à des technologies de pointe.
  6. Nous devons créer des forums où les gens pourront débattre en toute rationalité de ce qui devrait être fait ainsi que d’un ordre social où l’on puisse mettre en œuvre des décisions responsables.
  7. Le transhumanisme englobe de nombreux principes de l’humanisme moderne et prône le bien-être de tout ce qui éprouve des sentiments qu’ils proviennent d’un cerveau humain, artificiel, posthumain ou animal. Le transhumanisme n’appuie aucun politicien, parti ou programme politique.

Les personnes suivantes ont contribué à la rédaction originale du présent document: Doug Bailey, Anders Sandberg, Gustavo Alves, Max More, Holger Wagner, Natasha Vita More, Eugene Leitl, Berrie Staring, David Pearce, Bill Fantegrossi, Doug Baily Jr., den Otter, Ralf Fletcher, Kathryn Aegis, Tom Morrow, Alexander Chislenko, Lee Daniel Crocker, Darren Reynolds, Keith Elis, Thom Quinn, Mikhail Sverdlov, Arjen Kamphuis, Shane Spaulding, Nick Bostrom

La Déclaration a été modifiée et réadoptée lors d’un vote des membres de la WTA, le 4 mars 2002 et le 1 décembre 2002.

©Richard Gauthier, 2003, pour la traduction française.


Transhumanist Declaration (2012)

The transhumanist Reader, Edited by Max More and Natasha Vita-More

This edition first published 2013 © 2013 John Wiley & Sons, Inc ISBN 978-1-118-33431-7

1. Humanity stands to be profoundly affected by science and technology in the future. We envision the possibility of broadening human potential by overcoming aging, cognitive shortcomings, involuntary suffering, and our confinement to planet Earth.

2. We believe that humanity’s potential is still mostly unrealized. There are possible scenarios that lead to wonderful and exceedingly worthwhile enhanced human conditions.

3. We recognize that humanity faces serious risks, especially from the misuse of new technologies. There are possible realistic scenarios that lead to the loss of most, or even all, of what we hold valuable. Some of these scenarios are drastic, others are subtle. Although all progress is change, not all change is progress.

4. Research effort needs to be invested into understanding these prospects. We need to carefully deliberate how best to reduce risks and expedite beneficial applications. We also need forums where people can constructively discuss what could be done and a social order where responsible decisions can be implemented.

5. Reduction of risks of human extinction, and development of means for the preservation of life and health, the alleviation of grave suffering and the improvement of human foresight and wisdom, be pursued as urgent priorities and generously funded.

6. Policy making ought to be guided by responsible and inclusive moral vision, taking seriously both opportunities and risks, respecting autonomy and individual rights, and showing solidarity with and concern for the interests and dignity of all people around the globe. We must also consider our moral responsibilities towards generations that will exist in the future.

7. We advocate the well-being of all sentience, including humans, non-human animals, and any future artificial intellects, modified life forms, or other intelligences to which technological and scientific advance may give rise.

8. We favor morphological freedom – the right to modify and enhance one’s body, cognition, and emotions. This freedom includes the right to use or not to use techniques and technologies to extend life, preserve the self through cryonics, uploading, and other means, and to choose further modifications and enhancements.

The “Transhumanist Declaration” has been modified over the years by several organizations and individuals, although there is little record of the specific modifications and their respective authors.

Nevertheless, the original “Transhumanist Declaration” was crafted in 1998 by, in alphabetical order: Alexander Sasha Chislenko, Anders Sandberg, Arjen Kamphuis, Bernie Staring, Bill Fantegrossi, Darren Reynolds, David Pearce, Den Otter, Doug Bailey, Eugene Leitl, Gustavo Alves, Holger Wagner, Kathryn Aegis, Keith Elis, Lee Daniel Crocker, Max More, Mikhail Sverdlov, Natasha Vita-More, Nick Bostrom, Ralf Fletcher, Shane Spaulding, T.O. Morrow, Thom Quinn.

version FR, par Yann Minh

1. L’humanité sera profondément affectée par la science et la technologie dans l’avenir. Nous envisageons la possibilité d’élargir le potentiel humain en surmontant le vieillissement, les lacunes cognitives, la souffrance involontaire, et notre isolement sur la planète Terre.

2. Nous pensons que le potentiel de l’humanité n’est toujours pas réalisé dans l’essentiel. Il existe des scénarios crédibles qui permettraient d’améliorer la condition humaine de façon merveilleuse et extrêmement intéressante.

3. Nous reconnaissons que l’humanité fait face à de graves risques, en particulier dans l’utilisation abusive des nouvelles technologies. Il existe des scénarios envisageables qui conduisent à la perte de la plupart, voire de la totalité, de ce que nous tenons pour précieux. Certains de ces scénarios sont radicaux, d’autres sont plus subtiles.
Bien que tout progrès est changement, tout changement n’est pas un progrès.

4. L’effort de recherche doit être investi dans la compréhension de ces prospectives. Nous devons soigneusement débattre de la meilleure façon de réduire les risques tout en favorisant les applications bénéfiques. Nous avons également besoin de forums où les gens peuvent discuter de manière constructive de ce qui pourrait être fait et d’une organisation sociale où les décisions responsables pourraient être mises en œuvre.

5. La réduction des risques d’extinction humaine, le développement de moyens pour la préservation de la vie et de la santé, l’allègement des souffrances graves et l’amélioration de la prévoyance et de la sagesse humaine, doivent être considérés comme des priorités urgentes, généreusement financées.

6. Les décisions politiques doivent être guidées par une vision morale responsable et fédératrice (ndt : inclusive), prenant au sérieux la fois les opportunités et les risques, respectant l’autonomie et des droits individuels, faisant preuve de solidarité, et se préoccupant des intérêts et de la dignité de toutes les personnes à travers le monde. Nous devons aussi être attentifs à nos responsabilités morales envers les générations à venir.

7. Nous défendons le bien-être de toutes les intelligences, en y incluant les humains, les non-humains, les animaux, les futures intelligences artificielles, les formes de vie modifiées, ou toute autres intelligences auxquelles les progrès technologique et scientifiques pourraient donner naissance.

8. Nous promouvons la liberté morphologique – le droit de modifier et d’améliorer son corps, sa cognition et ses émotions. Cette liberté inclut le droit d’utiliser ou de ne pas utiliser des techniques et technologies pour prolonger la vie, la préservation de soi-même grâce à la cryogénisation, le téléchargement et d’autres moyens, et de pouvoir choisir de futures modifications et améliorations.