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Le transhumanisme comme régression, Olivier Rey

Deuxième rencontre Philanthropos, du 13 décembre 2014 au Collège des Bernardins. Échange autour du thème : Le transhumanisme, une idée chrétienne devenue folle ? Avec Olivier Rey entre autres.

Olivier Rey est diplômé de l’École polytechnique, docteur en mathématiques, chargé de recherche au CNRS (Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques, Paris) et il enseigne à l’Université Paris I Panthéon-­Sorbonne. Essayiste et romancier, il est notamment l’auteur d’Une folle solitude : le fantasme de l’homme auto-­ construit (éd. Seuil, 2006), ainsi que du Testament de Melville : Penser le bien et le mal avec Billy Budd (éd. Gallimard, 2011). Il est membre du comité de rédaction de la revue Conférence.

Olivier Rey, « Le transhumanisme comme régression »

Présentation de la conférence :

Réfléchir sur un tel sujet pourrait paraître anecdotique : il ne s’agit, semble-t-il, que d’une idéologie revendiquée par une minorité qui rêve de faire un homme génétiquement modifié, un cyborg truffé de nanotechnologies.

Mais si l’on se souvient que le terme, dans son acception moderne, fut forgé, et son idée, défendue, par le premier directeur de l’UNESCO, Julian Huxley (frère d’Aldous, l’auteur du Meilleur des mondes), lequel avait désormais honte de promouvoir la chose en employant le mot « eugénisme » ; si l’on constate simplement que nous vivons à l’ère de la technoscience, que nous sommes déjà partout connectés, accouplés à des machines, ou que l’on a libéralisé un peu partout les OGM et le séquençage du génome humain, on peut soupçonner qu’il y va là d’une vague plus vaste et même d’une vague de fond.

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Peut-être même qu’après l’humanisme athée, puis l’antihumanisme structural, le transhumanisme est le marqueur exact d’une époque où se sont effondrées les utopies progressistes, qu’elles soient libérales ou totalitaires. Comme le remarque Rémi Brague, la question aujourd’hui n’est plus : Comment promouvoir l’humain ? mais : Pourquoi promouvoir l’humain encore ? Pourquoi ne pas passer à autre chose, au nom de la double célébration du surhomme et du bonobo ?

Mais l’échec de l’humanisme et la bêtise du transhumanisme nous laissent entendre une autre vérité, rappelée par Pascal et chantée par Dante. Le premier disait que « l’homme passe infiniment l’homme », et le second inventait, dans son Paradis, le verbe « transumanar ». C’est la reprise du thème paulinien de « l’homme nouveau ». Et si le transhumanisme n’était qu’une idée chrétienne devenue folle ?

Le transhumanisme, c’est quoi ? L’idée défendue par la philosophie transhumaniste est d’utiliser les sciences et les techniques pour améliorer l’être humain. Les fragilités de l’être humain, comme le handicap, le vieillissement et finalement la mort, seraient progressivement gommées grâce aux progrès des biotechnologies et de la médecine. Or, si cette idéologie marginale n’est ouvertement revendiquée que par une poignée d’intellectuels, elle imprègne notre société, selon l’Institut Philanthropos : « Nous vivons à l’ère de la technoscience, nous sommes déjà partout connectés, accouplés à des machines, où l’on a libéralisé un peu partout les OGM et le séquençage du génome humain ».

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Philantropos : « aimer l’homme ». Il y a toute sortes de tentations anti-humaines, selon l’Institut Philantropos : « Celle du transhumanisme, qui cherche le salut dans des humains technologiquement modifiés ; celle de l’écologisme, qui estime que l’homme doit céder la place au bonobo ; celle du fondamentalisme religieux, qui voudrait sacrifier l’humain à une divinité écrasante ». Contre toutes ces tentations qui ont en commun la haine de l’humain tel qu’il est, il faudrait redécouvrir la joie d’être un homme ou une femme.

Programme
16h30 – 18h00 Échange autour du thème avec Jean-Claude Guillebaud, Olivier Rey et Fabrice Hadjadj
18h30 – 19h30 Rencontre avec Jean Vioulac sur le thème « technique et apocalypse »
20h30 – 22h15 Soirée théâtre « Jeanne et les post-humains », la dernière pièce de F. Hadjadj

2 Comments »

  1. La bêtise du transhumanisme… On parle duquel, au fait? Il y a une multitude de courants dans la mouvance transhumaniste, qui ne sont pas assimilables à des sectes hiérarchisées, et tiennent des discours très diversifiés.

    S’il a bien des groupes de transhumanistes extrémistes aux côtés des modérés, si leur discours sont rebutants ou inquiétants, il est simpliste de les assimiler à de la bêtise. Cela me rappelle « le Dictateur » de Charlie Chaplin. Au moment de sa sortie en salle, le film présentait les nazis en pleine ascension comme des sots plutôt que comme une menace. On connaît la suite.

    La Chine et les USA tentent de mettre au point des techniques de transhumanisation des troupes. En quoi est-ce plus stupide que de déployer des drones ou développer des SALA ou des planeurs hypersoniques. Ce sont des changements et des menaces à prendre en compte pour ne pas devenir les « Indiens d’Amérique » du XXIe siècle.

    Toutefois, moi qui ne suis pas un transhumaniste justement, j’estime que les transhumanistes modérés méritent plus de respect. En tant qu’humaniste, j’aimerais vivre dans une société où toute différence ou appartenance à une minorité n’entraîne pas mécaniquement une discrimination, y compris en ce qui concerne les transhumanistes modérés.

    Franchement, je préfère tenter ma chance avec eux plutôt qu’avec les créationistes, les antivax, les extrémistes non transhumanistes dont l’ascension est bien plus préoccupante que celles des transhumanistes extrémistes.

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