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Augmentation des performances humaines avec les nouvelles technologies : Quelles implications pour la défense et la sécurité ?

Augmentation des performances humaines, résumé :

Le CHEAr puis l’IRSEM a animé durant une année un club de réflexion et de recherche sur la problématique de l’augmentation artificielle des performances humaines, à des fins militaires. Cette réflexion est suscitée par l’essor des nouvelles technologies (nanotechnologies – biotechnologies – techniques de l’information et de la communication – sciences cognitives et neurosciences), qui donne lieu à des avancées en matière de réparation de l’homme en médecine.

La faisabilité de l’augmentation des capacités opérationnelles des personnels (voire leur optimisation) et les conséquences associées, constitue un axe de recherche qui suscite l’intérêt et pose un certain nombre de questions.

La démarche a consisté à proposer un regard prospectif à la fois technique, applicatif pour les usages défense, éthique voire philosophique sur les limites d’utilisation de ces nouvelles technologies.

En faisant se rencontrer des chercheurs du domaine de la recherche universitaire, de l’industrie, et de la défense, ce groupe de travail a permis de fournir une réflexion croisée en vue de préciser ce que l’on peut attendre des recherches actuelles et à venir sur les nouvelles technologies au regard des problèmes éthiques d’utilisation chez l’homme. On peut résumer les conclusions du club de la manière suivante :

– Pour la défense, ces nouvelles techniques ouvrent des perspectives pour le combattant d’améliorer ses capacités d’adaptation à l’environnement militaire, d’augmenter ses performances et son efficience mais aussi d’être « réparé » en cas de nécessité. Mais ces techniques peuvent aussi constituer, de nouvelles menaces pour le combattant.

– Elles soulèvent la question de l’augmentation artificielle de performances pour disposer d’un « supercombattant ». D’un point de vue technique, il semble que les progrès les plus significatifs se situent dans deux voies : l’une concerne les technologies de l’information et de la communication, les interfaces, la robotique et l’autre, l’usage de nouvelles molécules dopantes (ou vectorisation de molécules efficaces) grâce aux nanobiotechnologies qui peuvent agir directement sur la physiologie de l’homme.

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– Toutefois, le passage de l’homme réparé (« rétabli dans son fonctionnement nominal ») à celui de l’homme modifié (« fonctionnement hors norme ») est loin d’être acquis, même si ce domaine stimule l’imagination.

– À l’instar des préoccupations de la société civile autour de l’augmentation des performances sportives (par le dopage, la chirurgie amélioratrice, etc.), les questions associées ne sont pas uniquement de nature technique. Elles suscitent de nombreuses réflexions éthiques et juridiques autour des règles d’utilisation de ces nouvelles technologies.

– Du point de vue éthique, l’utilisation des nouvelles technologies à des fins non thérapeutiques pose, en effet, de nouvelles interrogations sur le respect des valeurs morales et sur la santé des personnes. Il a été constaté qu’il n’existe pas de cadre législatif ni réglementaire, ni même de cadre normatif, adapté aux questions d’amélioration de l’individu. Cela est dû au fait que dans le monde médical, seules les applications thérapeutiques sont considérées.

Le club suggère de capitaliser toutes les réflexions et interrogations sur cette problématique, par la création de deux entités au sein de la défense correspondantes à des finalités et des modes de fonctionnement différents :

– une cellule de veille qui pourrait établir à échéance régulière un point de situation sur les perspectives scientifiques, techniques et opérationnelles dans le domaine de la réparation et de l’augmentation de l’homme. Elle s’attacherait à identifier les avantages, les menaces que pourraient engendrer ces nouvelles possibilités pour l’homme dans son intégrité et pour la société.

– une structure destinée à alimenter la réflexion au sein des instances étatiques. Elle aurait en particulier pour mission de mieux cerner d’un point de vue éthique et juridique, les applications à visée non thérapeutique.

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Ces questions peuvent être abordées d’autant plus sereinement compte tenu des délais prévisibles importants qui nous séparent des éventuelles disponibilités en opérations. De telles entités devraient ainsi réunir, dans un cadre de réflexions ouvertes, des militaires des différentes armées, des scientifiques, des juristes, des médecins, civils et militaires.

Télécharger le PDF Travaux_de_l’Irsem – Augmentation des performances humaines avec les nouvelles technologies

Sous la présidence de Jean Didier Vincent
Professeur émérite des universités
Membre de l’Académie des sciences et de l’Académie de médecine

Membres :

Arnaud de la Lance : DGA/SASF – Architecte capacitaire santé et défense NRBC
Bernadette Bensaude-Vincent : Professeur des universités, Philosophie des sciences, Université Paris 10
Eric Gaffet : CNRS Belfort – Directeur de Recherches, domaine nanotechnologies
Louis Laurent : ANR (puis Campus du plateau de Saclay) – Physicien
Michel Detilleux : Médecin des hôpitaux, Cochin, Professeur des universités Paris Descartes
Michel Peres : DGA/DET – Ingénieur d’études, domaine sciences de l’homme
Régis Guillemaud : CEA Leti-Minatec – Chef du laboratoire Electronique et Système pour la Santé
Virginie Tournay : CNRS – Institut d’Etudes Politiques- Grenoble- Chargée de recherches
Xavier Bigard : CRSSA – Médecin-chercheur du Service de Santé des Armées, Professeur agrégé Val-de-Grâce, titulaire de la chaire de recherche appliquée aux armées
Yann Perrot : CEA-List – Chef du Laboratoire de Robotique Interactive

Rapporteur : Agnès Colin : IRSEM – Chargée d’études

Le Rapport NBIC

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