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Julian Huxley, Le Transhumanisme, 1957

Sir Julian Sorell Huxley, (1887-1975) est un biologiste britannique, socialiste et progressiste, connu pour ses ouvrages de vulgarisation sur la biologie et l’évolution. Son grand-père, Thomas Henry Huxley (1825-1895) était un biologiste connu pour être un collègue et partisan de Charles Darwin (1809-1882).

L’écrivain Aldous Leonard Huxley (1894-1963) est son frère, et si ce dernier est l’auteur de l’ouvrage de science-fiction Le Meilleur des mondes (Brave New World, 1932), ce n’est certainement pas un hasard, puisque Julian Huxley était un partisan de l’eugénisme comme moyen d’amélioration de la population humaine :

« Une fois pleinement saisies les conséquences qu’impliquent la biologie évolutionnelle, l’eugénique deviendra inévitablement une partie intégrante de la religion de l’avenir, ou du complexe de sentiments, quel qu’il soit, qui pourra, dans l’avenir, prendre la place de la religion organisée. »

J. Huxley, L’homme, cet être unique, 1941 ; trad. fr. éd. Oreste Zeluck, 1948, p. 47.

En 1939, il sera un des biologistes à l’origine du Manifeste des généticiens qui prône un eugénisme « de gauche », où l’amélioration des conditions sociales est présentée comme la condition de la réussite et de l’efficacité d’une politique eugéniste.

Aldous Huxley, avec son roman de science-fiction, n’a fait que radicaliser l’engouement pour l’eugénisme et autres formes d’ectogenèse (reproduction humaine en dehors de l’utérus féminin, concept inventé par un autre initiateur du Manifeste des généticiens, John B. S. Haldane (1892-1964)) alors fort en vogue chez nombre de biologistes et de médecins de l’entre-deux guerres (voir André Pichot, La société pure, de Darwin à Hitler, éd. Flammarion, 2001).

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Notons également que Julian Huxley a également participé à la création de l’UNESCO et en a été le premier directeur général en 1946. Dans un texte préparatoire à la création de cette organisation, L’UNESCO, ses buts et sa philosophie (1946), il réaffirmera son attachement à une politique eugéniste :

« L’inégalité biologique est évidemment le fondement de l’affirmation de tout l’eugénisme. […] L’inégalité de simple différence est désirable, et la préservation de la variété humaine devrait être l’un des deux buts principaux de l’eugénisme. Mais l’inégalité de niveau ou de degré est indésirable, et le deuxième but essentiel de l’eugénisme devrait être l’élévation du niveau moyen de toutes les qualités désirables. »

Probablement parce que l’idée d’eugénisme, même de gauche, était devenue un peu trop sulfureuse après la révélation des programmes nazis de sélection des géniteurs et génitrices pour créer et développer une race aryenne pure (lebensborn) et d’extermination des « êtres inférieurs » (untermench) – qui concernait aussi bien les juifs, les slaves, les tziganes que les asociaux, les homosexuels et les handicapés –, J. Huxley invente en 1957 le terme de transhumanisme pour désigner son idée d’amélioration des performances humaines.

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Dans ce texte très court – pour la première fois traduit en français –, on y retrouve tous les poncifs de l’idéologie évolutionniste-progressiste de l’époque. Le « véritable destin de l’espèce humaine », qu’en tant que spécialiste de l’évolution, J. Huxley connaît bien évidement mieux que personne, est la « réalisation la plus aboutie des possibilités de l’homme » afin de devenir le « directeur général de la plus grande entreprise de toutes, celle de l’évolution ». Autrement dit, il faut évoluer parce que c’est le principe de l’évolution.

Dans quel but et pour quoi faire ? On ne nous le dit pas. Mais une chose est sûre : il faut é-vo-lu-er – on vous l’a dit : répétez ! – car c’est la condition du progrès. Dans cet esprit, il est évident que c’est reculer que d’être stationnaire, on le devient de trop philosopher… Principe repris de nos jours en chœur par tous les transhumanistes.

Andréas Sniadecki

lire la page : Le Transhumanisme, 1957

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